Vous avez certainement déjà entendu parler des épiceries solidaires. Mais celle qui va ouvrir ses portes à la mi-décembre à Limeil-Brévannes, dans le Val de Marne, semble avoir franchi une étape supplémentaire. Elle cible autant les personnes en difficulté, qui bénéficieront de réductions, que les ménages aisés : les prix seront adaptés aux revenus des clients, en toute confidentialité. Et les produits proposés sont bio et locaux…
« On ne voulait pas d’une épicerie stigmatisante »
L’épicerie fait partie d’un projet plus vaste de centre commercial responsable dans cette ville de 20 000 habitants. « Il n’y avait plus que des rideaux fermés dans ce quartier enclavé qui s’est vidé de tous ses commerces », explique Stéphane Bayet, le responsable du projet. En 2010 et en 2011, deux friperies se sont ouvertes. En décembre, ce sera le tour de l’épicerie, et elle-aussi sera une entreprise d’insertion. Elle ne proposera que des produits issus de producteurs bio et locaux. « Les acheteurs vont trouver des produits de bonne qualité à prix raisonnable, puisque les coûts des intermédiaires seront réduits grâce aux circuits courts. », souligne Stéphane Bayet. Une fois le Caddie rempli, à la caisse, chacun paie selon ses revenus, à l’abri des regards. « Le plus de notre projet, c’est qu’on ne veut pas d’une épicerie stigmatisante, on veut qu’elle soit généraliste, ouverte à tous ».
Halte au triptyque pâte-riz-conserve
Pour faire ses achats, tout le monde possèdera la même carte de paiement, et la réduction se fait à la caisse, sachant que la carte des ménages aisés s’apparentera à une simple carte de fidélité. « Il s’agit de consommation responsable. Les acheteurs classiques s’y rendront pour trouver des produits de qualité sans pesticides par exemple. Et je trouve que l’aide alimentaire, c’est aussi permettre aux gens de manger mieux, de lutter contre la malbouffe en donnant la possibilité aux personnes en difficulté de manger plus sainement ». Histoire de proposer autre chose que l’habituel triptyque pâte-riz-boîtes de conserve proposé par nombre d’épiceries solidaires
Comment ça fonctionne?
Derrière le concept, il y a la volonté de « prendre l’être humain dans sa globalité« , et donc d’agir au cas par cas. Une coûteuse panne de voiture ? Des indemnités qui tardent à venir ? Les gens en difficulté prennent contact avec des assistantes sociales qui fixent les taux de réduction de la carte de paiement après un entretien individualisé. Tous les trois mois, le taux est révisé en fonction de la situation des personnes concernées. Outre les 300 familles RSA de la ville, le projet concerne également tous ceux qui se retrouvent confrontés à une difficulté plus ponctuelle. Les réductions iront jusqu’à 70% sur les fruits et légumes, 50% sur des produits comme le sel ou l’huile et 30% sur les produits d’hygiène, ceux qui sont facilement trouvables chez les hards discounters.
Une fois l’épicerie ouverte, pas question de se reposer. Viendra alors la mise sur les rails d’un traiteur et d’une auto école solidaire avec, comme fil d’Ariane, l’accès ou le retour à l’emploi.