Faire un enfant n’est pas une mince affaire. De plus en plus de couples rencontrent des difficultés pour en avoir. Environ un quart, selon le Dr Jean-Philippe Wolf, responsable du Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humain (Cecos) à Paris, dans le Parisien. De nombreux facteurs sont mis en avant dont les facteurs environnementaux, de plus en plus pointés du doigt dans cette dégringolade de la fertilité.
Quand l’environnement nuit à la fertilité
Toutes ces substances, comme les pesticides, les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules que l’on respire, ingère, touche, avec lesquelles nous sommes en contact chaque jour de notre vie, sont suspectées.
Pour preuve, en 2016, un centre médical a ouvert au sein du CHU de Bordeaux. Le Centre Artémis a une double mission : étudier l’impact de l’environnement sur la baisse de fertilité et accompagner les couples qui rencontrent des difficultés à avoir des enfants dans la prévention de ces risques.
500 couples ont déjà été accompagnés et d’autres centres sont en train de s’établir sur le même modèle à Créteil, à Paris, à Rennes et à Marseille. Nous avons interrogé Fleur Delva, médecin de santé publique au Centre Artémis.
Comment le Centre Artémis peut-il aider ses patients à réduire les risques d’infertilité liés à l’environnement ?
Fleur Delva : Nous avons un rôle de prévention, auprès de personnes présentant des troubles de la fertilité (insuffisance ovarienne, endométriose sévère…), des pathologies de la grossesse (fausses couches multiples, mort in utero, prématurité sévère…), ou ayant un enfant né avec des malformations congénitales. Nous leur soumettons un questionnaire poussé afin de déterminer les facteurs de risques professionnels et extraprofessionnels auxquels ils sont exposés et proposons ensuite des mesures de prévention pour réduire l’exposition à ces facteurs.
Quels sont les principaux risques identifiés ?
FD : En milieu professionnel, pour les hommes, il s’agit de l’exposition aux pesticides, aux solvants et aux HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), des molécules issues d’une combustion que l’on retrouve dans le diesel ou la pollution atmosphérique par exemple. Les femmes pâtissent davantage de contraintes physiques et organisationnelles. Un travail debout sur une période prolongée, des journées de plus de 10 heures, le port de charges, etc. peuvent avoir un impact négatif sur une grossesse. La manipulation de médicaments et l’exposition aux pesticides reviennent aussi fréquemment. Pour ce qui est des activités extra professionnelles, les principaux facteurs de risques sont liés au ménage et aux travaux sans protections adaptées. Cependant, les causes sont plus nombreuses et complexes. On ne parle ici que des niveaux d’exposition les plus importants et on ne tient pas compte de potentiels effets cocktail [ndlr : certaines molécules sont plus nocives lorsqu’elles sont combinées à d’autres, même à très petites doses].
Quels conseils donnez-vous aux patients afin de réduire ces risques ?
FD : Nous leur donnons surtout des conseils très simples et concret à réaliser au quotidien : bien aérer la pièce dans laquelle on se trouve, limiter l’utilisation des parfums d’ambiance et des produits volatils, bien respecter les conditions d’utilisation des produits…
D’autres causes d’infertilité
Notre environnement n’est toutefois pas le seul responsable. D’autres facteurs influent sur la fertilité et notamment notre héritage génétique, l’âge moyen des grossesses (il est aujourd’hui de 31 ans, contre 24 ans dans les années 1970), les ondes des téléphones portables qui provoqueraient une baisse de la mobilité et de la durée de vie des spermatozoïdes ou encore les maladies sexuellement transmissibles qui peuvent nuire à la fertilité des hommes et des femmes.