Ceux qui rechignent à l’idée de féminiser les mots devraient en prendre de la graine. Le mot « agricultrice » n’est rentré dans le dictionnaire Larousse qu’en 1961, et le fait qu’il ait fallu tant de temps souligne une réalité : l’invisibilité des agricultrices.
Elles représentent pourtant un quart des chefs d’exploitation et co-exploitants agricoles. « Longtemps, les femmes travaillant dans les exploitations agricoles ont été regardées comme des « femmes d’agriculteurs » et non comme des agricultrices à part entière », expliquait Gérard Larcher, président du Sénat, lors du colloque Etre agricultrice en 2017. Pour info, il y a 885 400 exploitants agricoles (chefs d’exploitation, conjoints, salariés…) en France (chiffre de 2015).
« Les agricultrices ont longtemps été considérées comme “sans profession” ; leur travail à la ferme, pourtant considérable, était dans cette logique le prolongement naturel de tout ce qu’elles faisaient à la maison », rappelait ainsi à L’Humanité la communiste Brigitte Gonthier-Maurin, corapporteure d’un rapport sénatorial sur le sujet.
Or, en cas de pépin – divorce, mort du mari…- un statut clair est indispensable pour ne pas se retrouver sur la paille. Si nombre d’agricultrices peuvent désormais se déclarer cheffe d’exploitation -(111 000 selon les chiffres de 2017), certaines ont choisi un statut plus précaire, celui de « conjointes collaboratrices » (26 000). Statut que la délégation sénatoriale souhaite rendre transitoire.
Pour rendre hommage à ces travailleuses de l’ombre, les Nations Unies ont consacré un jour aux femmes rurales. Et c’est aujourd’hui, le 15 octobre !