C’est aussi l’occasion de mettre les mains dans la terre, de partager des connaissances, d’apprendre ensemble… Véronique fait partie du mouvement depuis le début. Elle nous en dit plus :
Les jardinières masquées, c’est quoi ?
Des citoyens qui veulent planter à manger ! Lors du confinement, et encore aujourd’hui, on s’est bien rendu compte qu’il y avait un besoin. J’ai perdu mon travail à cause de l’épidémie, je ne touche plus rien du tout, ni RSA ni chômage et il faut bien manger. Je vis grâce à mon potager.
L’idée c’était donc de partager des légumes – il n’y a pas d’histoire d’argent, tout est du bénévolat. Puis il y a un côté “social” : on avait tous besoin de sortir de chez nous, de voir des gens. On se retrouvait tous les vendredis pour planter des fruits et légumes dans les parcs, les jardins et les parterres de la ville.
Vous avez commencé pendant le confinement en vous retrouvant et en plantant ensemble dans la ville…
Oui, au début on cultivait au sol (sans toucher aux parterres de fleurs de la ville) mais avec le passage des chiens – et les déchets, comme les mégots – on ne peut pas récolter. On a construit samedi dernier des bacs de culture et maintenant les personnes âgées pourront jardiner, ainsi que les personnes handicapées. On va les mettre le long d’une place goudronnée. Tout le monde peut planter ce qu’il veut, c’est libre d’accès ! On est une dizaine à être très régulier et 600 personnes sont inscrites à notre groupe Facebook.
Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu manger grand-chose mais on est bien organisées et d’ici à 3 mois on pourra récolter nos cultures d’hiver : des poireaux, des choux raves, du radis noir… Et puis on a des boutures de cassis, de blettes, de baies de goji… Beaucoup de fruitiers… Des pêchers poussent déjà.
Vous vous y connaissez en maraîchage…
Oui, je fais mon potager depuis quinze ans, j’ai plein de graines, dont des variétés anciennes, que je fournis notamment aux Jardinières masquées. On organise des ateliers de reconnaissance de graines, des ateliers de conservations de légumes, bref il y a une forte dimension de partage de connaissances. Pendant le confinement, seul un parc était ouvert à Tours – le parc de Strasbourg – c’était génial de voir les gens émerveillés de voir leur graines pousser ! Maintenant, des enfants viennent aussi participer.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous sommes un mouvement libre donc nous ne voulons pas devenir une association. On a créé une pétition dans laquelle nous demandons aux villes et villages français de cultiver au minimum la moitié des plantations en comestible. Par exemple une ville dont le budget de plante est de 10 000 euros devrait au minimum dépenser 5 000 euros en arbres et plantes à fruits comestibles. Et nous avons des contacts avec des élus et savons qu’ils trouvent de l’intérêt à ce que nous faisons, nous souhaitons en plus travailler avec les jardiniers des parcs et jardins pour aussi améliorer nos techniques de cultures.