Agir pour l’écologie grâce à un manche à balai et un cintre ? C’est possible. Depuis une dizaine d’années, des personnes fâchées contre la pollution lumineuse et le trop plein de publicités se baladent la nuit et clic clic clic, éteignent les enseignes lumineuses des commerces.
Figurez-vous que c’est très simple : la perche constituée d’un balai et d’un cintre permet d’atteindre un petit boîtier situé en hauteur et de faire disjoncter (sans l’abîmer) l’enseigne, et ce, de l’extérieur d’un magasin. En effet, depuis 2012 les vitrines et enseignes doivent être éteintes au minimum entre 1h et 6h du matin : les noctambules savent bien que cela est loin d’être respecté.
Qui sont ces militants qui agissent dans toute la France ?
Eh bien difficile d’isoler un groupe, puisqu’il suffit de si peu de matériel pour se lancer. Ceci étant dit, une association se détache : le RAP, Résistance à l’agression publicitaire, créée en 1992, qui compte plus de 600 adhérents dans toute la France. Voilà donc vingt-cinq ans que ses membres luttent pour un changement radical de la place de la publicité dans la ville.
Outre l’extinction des enseignes commerciales, ils multiplient les actions contre les panneaux publicitaires par exemple, en les recouvrant de bâches aux messages poétiques. Et ils conseillent toujours de laisser un petit mot enjoignant les commerciaux à éteindre eux-mêmes la lumière !
La pollution lumineuse perturbe faune et flore
Au fait – au-delà de la question de la publicité – pourquoi éteindre ? L’ANPCEN -l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne – déplore le développement « anarchique et disproportionné de l’éclairage artificiel extérieur » :
La quantité globale de lumière émise la nuit n’a cessé d’augmenter en quelques décennies. + 94% en vingt ans seulement et pour le seul éclairage public. Auquel il convient d’ajouter les lumières émises par les publicités, enseignes lumineuses, les façades, vitrines, bureaux non occupés, etc.
Avec des conséquences diverses, mais toujours néfastes
- un gaspillage énergétique
- une perturbation de la faune et de la flore. Cette production de lumière modifie les trajectoires des oiseaux migrateurs et décime les insectes (c’est leur deuxième cause de mortalité après les pesticides) ; elle retarde la chute des feuilles et perturbe la pollinisation par les papillons de nuit ;
- un impact sur la santé humaine. Trop de lumière engendre des troubles du sommeil, notamment une baisse de la production de mélatonine, pourtant vitale au bon fonctionnement de notre organisme.
Le saviez-vous ?
Selon l’ADEME, l’éclairage public correspond à 41 % de la consommation d’électricité des communes et émet annuellement 670 000 tonnes de CO2.