Qui eut cru qu’en allant tout simplement faire nos courses, on pouvait acquérir de la nourriture trafiquée ? Les fraudes alimentaires existent, et ce à grande échelle.
C’est ce que démontre Ingrid Karl, une journaliste qui vient de publier Manger du Faux pour de Vrai (mars 2021, éditions Robert Laffont). Elle est directrice de l’information de l’ONG européenne Foodwatch.
De quoi peut-il s’agir ? L’exemple le plus connu est celui du miel. Dans son rapport de 2018, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) révélait une vaste fraude : un homme était « mandaté par une société du Sud de la France pour « maquiller » des fûts de miel provenant d’Espagne en en remplaçant les étiquettes par d’autres indiquant une origine France», relate le rapport. Résultat ? Plus de 140 000 kilos de miel francisé ont été mis sur le marché entre 2015 et 2018. Globalement, les miels analysés lors de la dernière étude de la DGCCRF ont été déclarés frauduleux à hauteur de… 43 % ! Outre des fraudes autour de l’origine des produits, d’autres problèmes plus embêtants encore ont été décelés : plus d’un miel sur dix avait été « adultéré », c’est à dire qu’on y avait ajouté des produits sucrants à bas prix et/ou de l’eau.
Un produit bio sur douze contrôlés en France « n’est pas aussi bio qu’il le prétend»
Les fraudes sont donc multiples et concernent tous les rayons, explique la journaliste dans son livre : des appellations d’origine protégée qui n’en sont pas, du poulet gonflé à l’eau, de l’huile d’olive sans olive (de l’huile de tournesol à laquelle on ajoute de la chlorophylle), des tomates faussement françaises, des imitations de grands crus, des substances ajoutées aux épices…
« Ouf, je mange bio ! », êtes-vous peut-être en train de vous dire. Eh bien, le bio n’est pas épargné. Un produit bio sur douze contrôlés en France « n’est pas aussi bio qu’il le prétend», et ce chiffre « monte même jusqu’à un produit bio contrôlé sur trois» dans les Alpes-Maritimes, assure Foodwatch.
La journaliste Ingrid Karl insiste, dans Libération, sur la responsabilité des politiques dans ces fraudes :
« On veut créer un électrochoc dans le cercle politique […]. C’est la responsabilité des autorités in fine, ainsi que celle des opérateurs agroalimentaires, de s’assurer que les aliments commercialisés sont conformes à la réglementation. »
Et l’ONG rappelle qu’ « en dix ans en France, la DGCCRF a subi une coupe de 13% dans ses effectifs, soit 416 postes ». Elle signale par ailleurs que les autorités refusent de signaler les marques frauduleuses. Cette opacité est grave car elle loge à la même enseigne les fraudeurs et les gens qui travaillent honnêtement.
Alors, que faire à notre échelle ?
- Privilégiez les aliments non transformés
- Achetez local via des réseaux de producteurs, comme les Amap
- Signez la pétition #DuFauxPourDeVrai : plus de transparence sur les fraudes alimentaires ! de l’ONG Foodwatch
- Partagez la vidéo de Foodwatch
🔴 Manger #DuFauxPourDeVrai : après plusieurs années d’enquête, nous brisons le tabou de la #fraude alimentaire et réclamons plus de transparence aux autorités.
Signez & partagez la pétition adressée @Economie_Gouv & @Agri_Gouv !
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