Raréfaction des ressources, crise diplomatique ou sanitaire, changement climatique… Face à ces menaces, face à l’avènement d’une ère de pénurie, notre monde ultra technicisé est-il la solution ? Sûrement pas, assurent les défenseurs des low-techs et un bon nombre d’écologistes. Développement durable, technologies vertes, croissance 2.0, autant de concepts qui nous font aller droit dans le mur. Au contraire, il s’agit de décroître, de simplifier et de prôner un monde plus sobre.
Les low-techs, qu’est-ce que c’est ?
Mais concrètement, les low-techs, qu’est-ce que c’est ? Déjà, il s’agit du contraire des « high-tech », synonyme d’innovation pointue. Les low-techs sont des « technologies basses », « économes en ressources et maîtrisables localement », comme l’écrit l’ingénieur Philippe Bihouix, auteur de l’Age des low techs (Seuil, 2014). Rien de bien nouveau, dans les années 70, le pape de l’écologie politique, Ivan Illich, définissait son concept d’une « société conviviale » dans laquelle les humains maitrisent les outils.
Une philosophie avant tout
Évidemment, il ne s’agit pas d’un « retour à la bougie ». Et, personne n’aurait envie de se faire opérer de la vésicule biliaire par un chirurgien low-tech… ce n’est pas l’idée ! Rien n’est aussi binaire : après tout, un vélo est low-tech dans son utilisation – il suffit de pédaler – mais high-tech dans sa conception. Le low-tech, c’est avant tout une démarche, une philosophie, un questionnement perpétuel : quels sont nos besoins ? Comment construire un avenir résilient en acceptant les limites planétaires ? Et cela implique des choix de société, des choix politiques. « Pourquoi ne pas favoriser le retour d’un artisanat de masse, multiplier les emplois de maîtres savonniers, de cordonniers, de fabricants d’outillages locaux, tout en conservant les acquis techniques, comme les machines à commande numérique dans les usines ? » dit par exemple M. Bihouix dans Libération.
Ainsi, de nombreuses pratiques s’inscrivent dans la démarche low-tech. L’écologiste urbain qui fabrique son pain ou le rural qui installe son four solaire dans son jardin par exemple. Tout comme l’association de collecte d’excréments humains à Bordeaux pour les recycler. Ou bien Jerry Do-It-Together, des ateliers de construction d’ordinateurs à Ouagadougou au Burkina Faso à partir de composants électroniques recyclés.
Tout reste à faire
N’oublions pas : le low-tech n’est pas qu’une histoire de comportements individuels, on l’a bien compris, mais bien de remettre en cause les modèles économiques et sociaux qui régissent le monde. Et les pouvoirs politiques pourraient s’en emparer. « Il s’agit plutôt d’une vision que d’une réalité, pour l’instant ce sont des petits îlots, des petites communautés », expliquait d’ailleurs Luc Gwiazdzinski, géographe, directeur du master Innovation et territoire à l’université de Grenoble-Alpes, au journal 20 minutes. Tout reste à faire !
Ceci étant dit, le low-tech lab vous propose tout un tas de tutoriels d’objets et de pratiques totalement low-tech plus ou moins compliquées. Vous pouvez donc apprendre à faire votre dentifrice, votre four solaire, vous lancer dans un élevage de mouches soldats noires, ou fabriquer un poêle de masse semi démontable.
Pour aller plus loin, on vous conseille de lire le livre de Philippe Bihouix, diablement d’actualité avec les pénuries qui frappent le monde covidé.
Top. Petit ajout : excréments humains oui mais je préfère le fumier du cheval qui m’emmènera faire mes courses et prendre l’air dans les bois 😉