En Europe, 40 % de notre consommation énergétique et 36 % de nos émissions de gaz à effet de serre sont issues du secteur du bâtiment. En France, c’est 43 % des consommations énergétiques et 23 % des GES. Le rendre plus écologique est donc un enjeu crucial de la transition énergétique. Pour être en cohérence avec l’accord de Paris, une réduction de 60 % des émissions de CO2 par rapport au niveau de 2015 est nécessaire, selon la Commission européenne.
L’Union européenne, et la France, se sont fixées un objectif : abaisser les émission de gaz à effet de serre liées à bâti de 55 % d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela, il faut rénover l’existant, car 85 % à 95 % des 250 millions de bâtiments européens existants seront encore en usage en 2050. Pour espérer atteindre cet objectif, le European Academies Science Advisory Council (composé des académies nationales des sciences des États membres de l’UE) estime qu’il faudrait rénover entre 2% et 2,5 % du parc chaque année.
1 % du parc rénové par an
En France, le Plan climat, lancé en 2017, prévoyait un certain nombre d’investissements en faveur de la rénovation des bâtiments : 1,2 milliard d’euros de l’Anah, sur 5 ans, pour rénover 375 000 logements de ménages aux revenus modestes ; 3 milliards d’euros de prêts bonifiés pour les bailleurs sociaux pour la rénovation de 500 000 logements ; 4,8 milliards sur 5 ans pour les bâtiments publics ; 5 M€ de travaux sur 3 ans via les certificats d’économies d’énergie…
Mais nous restons loin du compte. Aujourd’hui, 1% est rénové par an. La France, qui fait pourtant partie des pays les plus engagés en la matière, aux côtés de l’Allemagne, rénove environ 50 000 logements au niveau BBC (bâtiment basse consommation) chaque année. À ce rythme-là, il faudra trois siècles et demi à la France pour atteindre ses objectifs de rénovation énergétique dans le secteur résidentiel. Des objectifs qui semblent aujourd’hui difficile à tenir.
Les avantages d’investir dans l’isolation des bâtiments
Investir dans la rénovation énergétique présente pourtant de nombreux avantages, comme le rappelle l’association Agir pour le climat dans une note intitulée « Financing a deep renovation wave : recovery and beyond ».
Préserver le pouvoir d’achat : avoir un logement mieux isolé permet de réduire ses dépenses énergétiques.
Stimuler l’activité économique : financer une meilleure isolation du bâti permet de créer des emplois. Et en particulier au sein de PME et TPE implantées sur le territoire concerné. Des études ont montré que pour chaque million d’euros investi dans la rénovation énergétique, 18 emplois en moyenne étaient créés dans l’Union européenne.
Baisser les dépenses de santé : mieux isoler les bâtiments permet d’améliorer la santé de ses habitants. Et en particulier de diminuer les maladies respiratoires et cardiovasculaires, l’arthrite, les rhumatismes ou encore les allergies. Ce qui réduit le nombre d’arrêts maladie à l’échelle d’un pays. Mais aussi la pression sur les services de santé et notamment les hôpitaux.
Réduire les inégalités : ce sont les ménages les plus modestes qui bénéficient le plus de ces mesures. Ce sont en effet souvent eux qui habitent les logements les plus insalubres en terme d’isolation thermique.
Comme dans tous les sujets de société ou d’écologie, il faudrait avoir une réponse globale sur la qualité des logements et pas uniquement au regard de l’isolation. J’ai vu des appartements qui sont totalement isolés et dont l’isolation dépend d’une VMC mal gérée, le tout dans un logement où tout pollue, les moquettes, les tapisseries, les peintures, et souvent les isolants eux-mêmes. Et que dire des problèmes liés au vieillissement de nos portes et fenêtres en PVC ?!!! isolantes, mais polluantes et que l’on ne sait pas recycler !
En réalité, il faudrait peut être aussi penser à moins chauffer et mettre des tricots de laine en hiver ; prévoir des thermostats sur tous les radiateurs, notamment dans le cas des chauffages collectifs qui constituent une véritable gabegie ; revenir à des formes urbaines plus résilientes (le système des lotissements avec la maison au milieu de la parcelle est le système le moins favorable climatiquement, couloirs où le vent s’accélère, 4 faces à isoler …), donc d’accord pour isoler mais ce n’est pas la seule entrée pour faire des économies, et au global, cela ne doit pas être au détriment d’autres critères, comme de la qualité de l’air intérieur.
Merci pour votre journal que je lis avec beaucoup d’intérêt. Il est aussi sympathique qu’utile !
@ SOULA CATHERINE Merci beaucoup pour votre message et vos appréciations positives. Dans notre dernière newsletter, volontairement centrée sur l’isolation, nous avons surtout voulu mettre le doigt sur le fait qu’il n’y avait pas assez d’investissement de l’État sur ce sujet. Mais nous partageons votre avis. L’isolation n’est pas la clé unique ! Votre commentaire nous a d’ailleurs donné l’idée de réaliser un guide pratique plus global sur « comment rendre son logement plus durable » …en 2022. Merci