À première vue, on pourrait être surpris par le titre du livre. La phytothérapie n’est-elle pas naturellement écoresponsable ? Comment le recours aux bienfaits des plantes pourrait-il être nocif ?
Dès les premières pages, Aline Mercan, médecin, phytothérapeute et anthropologue, dresse un constat qui répond à ces questions. 15 000 espèces de plantes médicinales sont menacées d’extinction, 20% des plantes sauvages sont mises en danger par l’extension du marché phytothérapeutique. Lors de ses voyages d’étude des pharmacopées mondiales (car Aline Mercan est aussi ethnobotaniste ), elle a pu constater sur le terrain certaines dérives :
- Les pratiques d’exploitants peu scrupuleux. Commercialisation de plantes moisies, contamination de marchandises par des déjections de rats, dilution de produits naturels dans des composés de synthèse, modification de dates de péremption…
- Les importations massives de plantes cueillies à l’autre bout du monde. Car même si elle est bio et issue du commerce équitable, votre tisane indienne a un bilan carbone déplorable.
- La cueillette sauvage abondante et irrespectueuse, responsable de la disparition d’espèces. Ce qui fait dire à l’autrice que “la plante n’est plus une compagne que l’on rencontre au quotidien et dont on connaît l’intimité, mais une ressource à disposition que l’on ne visite que pour l’exploiter. »
Mieux consommer les plantes, plutôt qu’en consommer plus
Pour limiter les dégâts et ne pas s’interdire l’usage des plantes, elle propose donc un vrai manuel responsable pour leur consommation. Il commence avec un ensemble de conseils à suivre pour être en bonne santé, avant même d’avoir recours à la phytothérapie. Car les plantes ne doivent pas être considérées comme le remède à tout. Rien de nouveau (alimentation saine, respect du sommeil, gestion du stress), mais quelques recommandations originales. Comme celle de manger “coloré”, pour bénéficier des bienfaits antioxydants des pigments végétaux.
On lit ensuite un focus intéressant sur les huiles essentielles, où règne selon elle la logique du “toujours plus”. Une croyance veut que plus on en utilise, ou plus elles sont concentrées, et meilleur c’est. Or les huiles peuvent présenter des dangers pour l’usager, et surtout leurs plantes d’origine peuvent souffrir de raréfaction si on les exploite trop abondamment. Un chiffre illustre cela : 1 kg de pétales de roses de Damas permet de produire… 0,016g d’huile essentielle. Aline Mercan fournit une liste d’huiles à favoriser ou à bannir. On apprend ainsi que l’huile de girofle, antiseptique et digestive, a un excellent rendement de distillation. Pas besoin donc de raser une forêt entière pour obtenir un flacon. En revanche, il faut éviter l’huile de bois de rose, espèce en danger à cause de la déforestation en Amazonie. On peut la remplacer par l’huile de coriandre, tout aussi efficace contre les infections respiratoires notamment.
S’ensuit un guide pratique très complet, organisé par spécialités médicales (pneumologie, rhumatologie, gynécologie…). Pour chaque pathologie, le manuel précise les plantes à favoriser, sous quelles formes les prendre, dans un souci d’efficacité optimale mais surtout de responsabilité environnementale. Et elle fournit dans chaque cas les bonnes pratiques de base qui doivent accompagner la phytothérapie (alimentation, exercices physiques…)
Le tout constitue un guide très clair, simple d’usage, qui se consulte comme un dictionnaire et permet une action immédiate.
Date de publication : octobre 2021
Prix : 21.90 €
Éditeur : Terre vivante