La nouvelle est passée relativement inaperçue. Mi-janvier, une équipe de scientifiques a affirmé, dans la revue Environmental science and technology, qu’une cinquième limite planétaire avait été franchie. Celle liée aux produits chimiques de synthèse (dont les plastiques).
Les 9 limites planétaires, qu’est-ce que c’est ?
Le concept de limites planétaires a été développé en 2009 par une équipe de chercheurs internationaux. Il s’agit de limites qui ne doivent pas être dépassées sous peine de mettre en péril l’équilibre de la terre et de la rendre « non compatible avec le maintien de l’humanité dans un espace de fonctionnement sûr ». Neuf limites ont ainsi été identifiées :
- le changement climatique
- les pertes de biodiversité
- les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore
- l’usage des sols
- l’acidification des océans
- la déplétion de la couche d’ozone
- les aérosols atmosphériques
- l’usage de l’eau douce
- les pollutions chimiques
Quelles sont les limites planétaires qui ont été franchies ?
En 2015, ces chercheurs avaient estimé que 4 limites avaient été franchies. Elles sont donc désormais au nombre de 5 :
- le changement climatique
- l’érosion de la biodiversité
- les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore
- l’usage des sols
- les pollutions chimiques, dernière en date
Que nous apprend cette étude ?
C’est la première fois qu’une étude se penche sur la limite des pollutions chimiques. Jusqu’à présent, il n’existait aucune donnée. Les chercheurs ont ainsi évalué plus de 350 000 produits chimiques. Plastiques, pesticides, médicaments, produits ménagers…
« La production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950. Elle devrait encore tripler d’ici à 2050 », indique Patricia Villarubia-Gómez, coauteure de l’étude et membre du Stockholm Resilience Centre. Bethanie Carney Almroth, autre coauteure et chercheuse à l’université de Göteborg, complète : « La vitesse à laquelle ces polluants apparaissent dans l’environnement dépasse de loin la capacité des gouvernements à évaluer les risques mondiaux et régionaux ».
Que faire maintenant ?
Les chercheurs appellent à un renforcement des actions pour réduire la production et le rejet de ces polluants. Ils suggèrent notamment de mettre en place un « plafond » à ne pas dépasser au niveau mondial, tel qu’il en existe pour les émissions de CO2 et encouragent l’économie circulaire. « Cela signifie changer les matériaux et les produits afin qu’ils puissent être réutilisés et non gaspillés, concevoir des produits chimiques et des produits pour le recyclage, et un bien meilleur dépistage des produits chimiques pour leur sécurité et leur durabilité tout au long de leur cycle de vie dans le système terrestre. »