Vous êtes salarié et vous voulez vous battre pour défendre l’écologie dans votre entreprise ? Les Collectifs est un réseau regroupant les salariés engagés pour transformer leur entreprise de l’intérieur afin de répondre aux enjeux écologiques. Porte-parole du réseau et chef de projets au cabinet de conseils Boston Consulting Group, Quentin Bordet explique leurs moyens d’action à Mon Quotidien Autrement.
Qu’est-ce que Les Collectifs ?
Les Collectifs, c’est un réseau de groupes de salariés engagés pour l’écologie au sein de leur entreprise. Le réseau a été lancé en avril 2021, lorsque nous avons publié une tribune signée par 27 collectifs de salariés, qui avaient émergé spontanément. Par exemple, j’ai initié un collectif au Boston Consulting Group, un cabinet de conseils. Il y en avait d’autres chez Michelin, Axa, EDF… L’objectif des Collectifs, c’est de connecter et d’aider des groupes de salariés à émerger et à mener des actions en faveur de la transition écologique au travail. Aujourd’hui, le réseau est composé de collectifs présents dans 150 entreprises, allant de grands groupes à des entreprises de taille intermédiaire.
Quels sont leurs moyens d’action ?
Il y a trois volets. Un volet sensibilisation dans un premier temps. L’exemple typique, c’est un collectif qui décide de déployer la Fresque du climat dans son entreprise. le deuxième volet est un volet « exemplarité interne » avec des actions concrètes à mener sur les plans de l’alimentation, des mobilités, des plans épargne entreprise, des bilans carbone des activités… Le troisième volet pousse le curseur plus loin, en cherchant à être une force de propositions pour repenser le modèle d’affaires de l’entreprise et ses activités. Il faut tout de même garder de la lucidité, la taille des défis à relever étant immense. Mais il y a une espèce de ligne de crête à parcourir, entre la taille des enjeux et ce qu’on peut faire au quotidien.
Comment ces initiatives sont-elles accueillies par les directions ?
C’est généralement bien accueilli. Ce qu’on voit avec les Collectifs, c’est que l’expérience est fructueuse lorsque ceux-ci sont force de propositions concrètes et que les directions soutiennent ces dynamiques. Les entreprises ont tout intérêt à les écouter, maintenant qu’on pousse les business modèles à être alignés avec l’accord de Paris, à respecter les limites planétaires… On encourage donc les dirigeants à soutenir ces démarches, par exemple en permettant à leurs salariés d’y consacrer du temps, ce qui répond à l’un des freins à l’engagement. Ou bien à apporter du soutien budgétaire ou des ressources matérielles.
Est-il vraiment possible de changer l’entreprise de l’intérieur ?
« Les entreprises sont autant une partie du problème qu’une partie de la solution »
La transformation des entreprises est complexe, mais leur structure peut permettre d’avoir un énorme impact. Cela peut changer la donne pour des centaines voire des milliers de personnes au sein des entreprises. On pense donc que l’entreprise est un bon endroit pour s’engager et qu’il est possible d’effectuer des changements de l’intérieur pour apporter une vraie réponse au sujet écologique.
Que recommandez-vous pour créer un collectif dans sa propre entreprise ?
Tout d’abord, de repérer des collègues avec qui réfléchir aux premières actions à mener. On se rend compte souvent qu’on n’est pas seul à vouloir s’engager dans son entreprise. Personnellement, au sein de BCG, j’avais commencé par diffuser un sondage pour identifier des volontaires et tester des idées. Ensuite, il faut rapidement lancer des initiatives concrètes : organisation de formations ou d’ateliers de sensibilisation, moments d’échange, manifestes en interne, réflexions sur le bilan carbone. Le tout est de commencer. Et surtout, oser s’engager : cette expérience est souvent unique et transformante, pour son entreprise, pour ses collègues, et pour soi ! Le réseau Les Collectifs anime d’ailleurs des sessions pour se former, faire progresser son collectif et faciliter le partage d’expérience pour que ces dynamiques essaiment. Lancez-vous !