Le lithium est devenu l’or blanc recherché pour assurer la transition énergétique. Fin octobre, l’entreprise internationale Imerys – fondée à l’origine en 1880 par la famille Rotschild – a annoncé la mise en exploitation d’un gisement de ce métal en France. Elle prévoit d’ouvrir en 2028 une mine sur le site de Beauvoir, dans l’Allier. Sur place, l’entreprise exploite déjà un gisement de kaolin, de l’argile qui permet de fabriquer de la vaisselle ou du carrelage.
Deuxième producteur européen
Le gouvernement s’est réjoui de cette annonce. Comme le ministre de l’Économie Bruno Lemaire ou la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. « Le lithium qui sera extrait de manière responsable permettra de produire dans nos gigafactories les batteries nécessaires à l’électrification de nos activités […] et d’assurer notre indépendance énergétique et industrielle », a déclaré cette dernière.
Cette mine devrait produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an et d’équiper jusqu’à 700 000 véhicules électriques, prévoit Imerys. Des chiffres pouvant permettre à l’entreprise et à la France de devenir le deuxième producteur de lithium en Europe. La première place est occupée par la mine de Vulcan, en Allemagne. Au niveau mondial, l’Australie est le pays qui produit le plus de lithium.
Une exploitation qui se vante d’être « bas carbone »
Imerys vante une extraction « responsable » ou « respectueuse de l’environnement ». L’entreprise prévoit d’utiliser de l’eau en circuit fermé ou d’effectuer du transport par train. L’exploitation du site serait souterraine, préférable à celle d’une mine à ciel ouvert… Le minerai serait broyé, concassé et séparé mécaniquement par flottation (passage du minerai dans un fluide), sans ajout de produit chimique.
En sus, Imerys insiste sur une production « bas carbone ». « Imerys vise à réduire les émissions de CO₂ de son exploitation, afin de produire du lithium avec des émissions inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations », avance l’entreprise. Pour y parvenir, elle compte se reposer sur l’énergie décarbonée que constitue le nucléaire. En France, la production d’électricité repose à 67 % sur le nucléaire, selon RTE, responsable du réseau public de transport d’électricité.
L’extraction de lithium – comme d’autres métaux – n’est pourtant pas sans effet sur l’environnement. Le processus est très énergivore. Il réclame de grandes quantités d’eau. Il présente aussi des risques de pollution des eaux ou des sols.
Par ailleurs, après l’extraction, s’ensuit une étape de transformation. Sur ce point, « Imerys ne sait pas encore par quel procédé il sera transformé, ce qui empêche d’évaluer les conséquences environnementales de cette étape », estiment dans Libération Marieke Van Lichtervelde, géologue, et Laure Laffont, ingénieure de recherche géochimiste.
D’autres gisements de lithium en France
L’ouverture de cette mine aboutira-elle et sera-t-elle suivie par d’autres ? Le Bureau national de recherches géologiques et minières (BRGM) a recensé une quarantaine de gisements potentiels dans le pays. Ils se trouvent sur une diagonale reliant le Massif armoricain au Massif central. D’autres sont en Alsace. L’État a récemment publié plusieurs arrêtés accordant des permis de recherche de métaux rares, dont le lithium.
https://mediacoop.fr/13/02/2023/lutter-contre-la-mine-cest-lutter-pour-la-vie/