La famille Musy zéro déchet – épisode 3 : le bilan

Après avoir réalisé la quantité de déchets qu’elle jetait (épisode 1), la famille Musy, vivant dans l’Essonne, a participé en 2020 à un « défi zéro déchet » proposé par le centre de collecte et de traitement des ordures ménagères local (épisode 2). Quel bilan ses membres en tirent-ils aujourd’hui ? Voici le troisième et dernier épisode de notre série relatant son parcours vers le zéro déchet.

Si le défi consistait surtout à progresser, il s’agissait tout de même de tenter d’atteindre un objectif de 20 % de déchets en moins, à la fois dans la poubelle des ordures ménagères et dans celle du tri sélectif. La famille Musy, emballée par l’expérience, est allée au-delà de ce minima. Son diplôme remis à la fin du défi mentionne que sa poubelle d’ordures ménagères est passée de 1,7 kg à 1,2 kg par personne pour un mois, tandis que la poubelle jaune est passé de 2,2 kg à 0,9 kg par personne et par mois. Soit 28 % de baisse pour la première et 59 % pour la seconde.

Et le défi ne s’est pas arrêté à la fin de l’année pour Olivier, Marie-Pierre et leurs enfants Lauriane et Brieuc. Mettre le doigt dans l’engrenage les a conduits à aller toujours plus loin dans leur démarche de transition écologique et à adopter d’autres changements de vie.

Un déclic qui les a poussé à changer de travail

Olivier a ainsi osé quitter l’industrie automobile où il travaillait en tant qu’ingénieur et a retrouvé en septembre un job en adéquation totale avec ses valeurs, à la direction d’une association gérant une épicerie solidaire. Marie-Pierre, de son côté, a laissé tomber l’art floral, ses fleurs achetées à Rungis et ses mousses vertes issues de la transformation du pétrole, pour exercer le métier de grapho-thérapeute, consistant à faire de la rééducation de l’écriture en cas de problème de lisibilité, de lenteur ou de douleurs. Quant à Lauriane, elle travaille désormais à temps plein dans une épicerie vrac, un travail idéal pour celle qui se sentait perdue après son DUT de logistique très axé sur le secteur de l’industrie.

Aussi, la famille n’a plus qu’une seule voiture. En quittant son travail, Olivier a dû dire adieu à celle à laquelle il avait accès via son entreprise. Aujourd’hui, il est à vingt minutes en vélo de son nouveau lieu de travail, ravi de pouvoir réaliser le trajet avec ce moyen de transport doux.

« À qualité égale… »

Tout a changé ou presque, chez les Musy. « Nous avons fait des pas dans toutes les directions : alimentaire, vêtements, transport… », résume Olivier.

Préparation d’un dentifrice maison © O. Musy

S’y sont-ils retrouvés, du point de vue du prix, l’un des freins à la démarche zéro déchet souvent cité ? « Ce qu’on dit, c’est qu’à qualité égale, le vrac n’est pas plus cher », répond Marie-Pierre. Qui concède cependant : « Mais comme on a changé, on consomme différemment aussi. »

Celle qui se décrit comme un « bec sucré » raconte qu’avant, elle pouvait facilement manger la moitié d’un paquet de gâteaux au chocolat d’une grande marque agroalimentaire lorsqu’elle avait une fringale. Alors qu’aujourd’hui, avec un biscuit à 60 centimes acheté dans un magasin de vrac, elle n’en mange qu’un. « Mais je me régale et je ne peux plus manger ceux d’avant », précise-t-elle. La quantité de viande a aussi fortement diminué, pour pouvoir compenser avec des achats directement chez le boucher.

« Le goût de ce qu’on mange n’a rien à voir avec ce qu’on consommait auparavant », complète Olivier. Leurs légumes proviennent désormais en majorité d’une ferme en maraîchage bio et de leur jardin.

Olivier au jardin © O. Musy

La famille zéro déchet s’autorise à craquer

Même s’il faut leur tirer du nez, les membres de la famille confessent quelques craquages, qui paraissent bien minimes. Le pêché mignon de Marie-Pierre ? « Je ne peux pas me passer de glaces au café, emballées dans du papier et du carton ». De temps en temps, ce sont aussi des chips ou du fromage frais en barquette qui les font saliver.

Une manière d’éviter de se faire des nœuds. Un des derniers ateliers du défi zéro déchet portait d’ailleurs sur la charge mentale de cette organisation. « Cet atelier m’a fait du bien, car je commençais à être à saturation », confesse Marie-Pierre. « On a compris qu’il fallait se raisonner », ajoute Olivier.

Car s’ils sont convaincus que « chaque geste individuel n’est pas anodin, si petit soit-il », ils sont conscients qu’ils ne sont « pas suffisants ». Néanmoins, les Musy ont décidé de faire leur part. « Si on attend tous que les autres commencent, ça n’avancera pas sur le plan politique non plus, car la politique reflète ce qu’une majorité souhaite », répond Olivier.

Bien sûr, ils sont frustrés de n’avoir pas réussi à convaincre davantage de proches de s’engager dans la démarche zéro déchet ou dans une réflexion écologique plus aboutie. Mais aujourd’hui, ils comprennent qu’il « faut du temps pour que tout le monde change « et qu’il vaut mieux « se positionner dans l’exemple que de donner des leçons ».

Eux ont choisi d’appuyer sur l’accélérateur. Olivier a d’ailleurs investi en tant qu’administrateur l’association Ose ZD qui animait les ateliers du défi auquel il a participé. Et l’on sent, à leur ton posé, à leur mine réjouie, à quel point être ainsi alignés avec leurs valeurs leur permet de trouver de la joie dans la cohérence.