Les parents et leurs enfants posent, souriants, tenant fièrement dans leurs bras les fruits et légumes de leur récolte abondante. Elle prouve le succès du programme « agriculture naturelle à zéro budget » (ZNBF), lancé en 2015 dans l’Andhra Pradesh, un Etat majoritairement agricole du sud de l’Inde. L’objectif est de convertir les 6 millions d’agriculteurs pour nourrir les 50 millions d’habitants grâce à une agriculture sans labourage ni désherbage, sans engrais chimique ni pesticides. Le programme a séduit 630 000 paysans. Et cette agriculture se révèle aussi écologique et rentable.
Un premier bilan a été fait en 2023. Une étude publiée au printemps dans la revue Agronomy for sustainable development, s’est intéressée au rendement agricole et à la qualité des sols. Les chercheurs ont comparé pendant trois saisons les champs cultivés en conventionnel et avec le nouveau programme ZNBF.
Le paillage fait la différence
Les résultats ? Les rendements ont été significativement plus élevés en ZBNF. Cette différence s’explique par l’utilisation du paillage, qui permet de garder les sols frais et humides tout en protégeant les vers de terre. Contrairement aux idées reçues, les chercheurs ont aussi constaté que les engrais naturels (fumier et compost) apportent autant de nutriments aux plantations que les engrais chimiques. Une bonne nouvelle, lorsqu’on sait les dégâts que produisent ces engrais sur la santé, la pollution des eaux et le changement climatique.
Une autre étude, menée par Futur for Food et Gist Impact, a confirmé la réussite de cette agriculture écologique. Cette fois, les chercheurs se sont intéressés aux impacts sociaux, économiques et sanitaires, entre les agriculteurs en ZBNF et ceux utilisant pesticides et engrais de synthèse.
Moins de coûts, plus de revenus
Une augmentation entre 8 et 26% des rendements agricoles pour les cultures en ZBNF est observée, notamment grâce au paillage. Les agriculteurs n’ont plus de monocultures, ce qui les rend moins vulnérables, et ils ont réduit leurs coûts en faisant leur propre engrais. Ils ont ainsi vu leur revenu net doubler. La conséquence est heureuse : les familles mangent mieux. Remplacer les engrais chimiques par des engrais naturels améliore également la santé des agriculteurs.
Finalement, l’étude constate des liens sociaux renforcés. En effet, le programme se base sur les communautés villageoises, au sein desquelles les femmes sont particulièrement actives. Cela favorise l’échange d’informations, la mutualisation et la cohésion communautaire, et, en un cercle vertueux, la productivité.
C’est possible !
Ce programme prouve qu’il est possible d’assurer à la fois la sécurité alimentaire de la population et de préserver les éco-systèmes naturels. Une source d’inspiration importante, alors que le changement climatique nous pousse à revoir notre système. Et si ça peut éviter le surendettement, c’est encore mieux !