Jusqu’à quand pourra-t-on manger des steaks végétaux ? Cette alternative à la viande est en effet menacée. Pas les produits en tant que tels, mais leur appellation.
En février dernier, un décret est venu interdire les termes « steak » végétal, « escalope » de soja, ou encore « jambon » végan. Plus possible de recourir au vocabulaire boucher. La raison invoquée ? Une source de confusion pour les consommateurs.
Mettant en doute la « légalité de cette interdiction », le Conseil d’Etat a finalement suspendu le décret au mois d’avril, renvoyant l’affaire devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui devrait trancher sur la question. Un nouveau sursis pour les productions d’alternatives végétales à la viande.
Déjà en 2022, un décret, ciblant le même objectif avait été suspendu par le Conseil d’Etat, car jugé trop vague.
Les lobbies en force
Derrière cette mesure, une filière animale qui a bien des difficultés à laisser une place aux alternatives végétales. Des études ont pourtant montré que les consommateurs font très bien la différence entre les produits carnés et ses substituts. Ces produits sont en effet souvent très clairement étiquetés « végétariens » et sont généralement présentés sur des rayons séparés dans les supermarchés.
« C’est une bataille très symbolique qui montre bien les freins du monde agricole à végétaliser nos modes d’alimentation », explique Florimond Peureux, porte-parole de l’Observatoire national des alimentations végétales, sur France 24.
Des produits très transformés
Reste que ces produits sont très transformés et comportent parfois de nombreux additifs. Or, comme explicité dans l’un de nos guides pratiques, les aliments ultra-transformés sont moins bons pour la santé. « Idéalement, il faudrait privilégier des protéines végétales brutes comme les pois chiches ou les lentilles, indique Romain Espinosa, chercheur en économie et spécialiste de ces questions au CNRS, toujours sur France 24. Mais il faut voir ce qu’on compare : un steak de soja aura un impact bien moindre sur la santé qu’un steak de bœuf. »
Selon l’observatoire national des alimentations végétales, les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées à la consommation de 100 g de simili-carnés sont inférieurs de 34 % aux émissions liées à la consommation de 100 g de poisson d’élevage. On passe à 43 % pour la viande de volaille, 63 % pour le porc, 72 % pour les crustacés d’élevage et environ 90 % pour le bœuf. Les seuls produits d’origine animale émettant moins de GES seraient le thon sauvage et les insectes. « Néanmoins, les substituts végétaux semblent émettre 1,6 fois plus que le tofu, 4,6 fois plus que les légumineuses (sauf lentilles) et 7 fois plus que les lentilles, trois équivalents d’origine végétale moins transformés », souligne l’observatoire ».
L’intérêt de ces steaks végétaux et autres alternatives tient en réalité surtout à leur praticité, car ils permettent de remplacer facilement la viande.