« Quand j’étais plus jeune, personne ne m’a proposé de m’engager en politique. On ne nous parle jamais de cette option. » Du haut de ses 25 ans, Corentin Soleilhac est pourtant conseiller municipal à Dissay (Vienne) et secrétaire régional Les Écologistes – Europe Écologie Les Verts (EELV) en Poitou-Charentes. Mon Quotidien Autrement a rencontré ce jeune élu pour discuter engagement, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il sait de quoi il parle.
Formé au fil des expériences
Après son baccalauréat, Corentin Soleilhac a débuté une alternance dans l’aéronautique alors qu’il n’avait que 17 ans. Un sentiment d’injustice naît chez le jeune apprenti lorsqu’il réalise que son salaire ne dépassera pas les 500 euros mensuels avant sa majorité, alors qu’il travaille 35 heures par semaine.
À cela, sont venues se greffer des conditions de travail incohérentes et désastreuses pour l’environnement : « D’après mes collègues, quelques années auparavant, on réparait toutes les pièces électroniques sur place. Quand j’étais en poste, ce n’était plus le cas. Pour identifier les problèmes, il fallait envoyer les pièces en Thaïlande, à 10 000 km. » Indigné par ces méthodes, et insatisfait de l’ambiance générale, Corentin Soleilhac décide d’arrêter sa formation et de commencer un service civique dans son club de football. « Donc, officiellement, je n’ai pas de diplôme », glisse-t-il.
À travers cet engagement civique, et les rencontres qui l’ont accompagné, le jeune homme s’engage de plus en plus dans la vie associative. En parallèle, il crée sa première société en mars 2020. Le concept ? Promouvoir des producteurs locaux. Seulement, le contexte de pandémie n’a pas été à son avantage, et l’entreprise n’a pas réussi à prospérer.
« J’avais tendance à être dans la radicalité. »
Mais cela n’arrête pas le jeune actif. En parallèle de sa création d’activité, il lit, se documente. Il cite, par exemple, les textes sur la collapsologie de Pablo Servigne & Raphaël Stevens. Et enchaîne : « J’avais tendance à être dans la radicalité à ce moment-là. Et parfois ça nous empêche d’aller vers l’action, surtout quand on est seul, quand on n’a pas le réseau ni les moyens d’action, on ne sait pas par quoi commencer. » Mais il réalise tout de même que, pour lui, « le meilleur moyen de ne pas être trop écoanxieux, c’est d’agir ».
C’est pourquoi il se rapproche d’Extinction Rebellion, mouvement social écologiste, adepte de la désobéissance civile non-violente dans le but d’inciter le gouvernement à agir. À travers ses actions au sein du collectif, Corentin Soleilhac se dit alors que la meilleure manière de faire bouger les lignes politiques, c’est de les intégrer. Il se présente donc comme conseiller municipal à Dissay, sa commune d’origine. Et est élu en juin 2020. Par la suite, il a été candidat EELV aux élections départementales en 2021, puis aux européennes en 2024, mais n’a pas été élu. Pour autant, Corentin Soleilhac ne manque pas d’ambition.
Quand on lui demande pourquoi s’être engagé chez les Verts, il souligne que le choix n’était pas si évident. « Aujourd’hui, on voit trop l’écologie de manière punitive. L’idéal, ce serait de réussir à faire en sorte qu’on oublie cette approche-là, qu’on passe par l’économie et le social pour avoir un impact positif sur l’environnement. Mon défi personnel, c’est d’essayer de transformer le parti de l’intérieur, pour aborder à terme les problématiques de cette façon. »
Favoriser le réseau
Aujourd’hui, en parallèle de ses missions politiques, Corentin Soleilhac travaille pour la BGE, un réseau national d’accompagnement et de formation à la création d’entreprises. Que ce soit dans sa carrière professionnelle ou politique, il place le lien social au centre de ses préoccupations. « À partir du moment où des gens qui étaient dans des mondes différents, dans des bulles, arrivent à se parler, souvent, ça les ouvre naturellement au monde. Je trouve que l’on manque cruellement de réseau et nous sommes aujourd’hui très isolés. »
Dans cette démarche, le jeune élu fait en sorte de s’adresser un maximum à la jeunesse, que ce soit pour faire de la sensibilisation ou pour travailler avec elle. Il précise : « Je fais des conférences ou des tables rondes, par exemple, pour partager mon parcours et inciter d’autres jeunes à s’engager. Si on leur donne des moyens d’action et qu’on ouvre un peu les possibilités aux jeunes, c’est comme ça qu’ils finissent par s’engager. Je trouve que c’est l’action la plus puissante. »