À deux pas de nous, ça grouille, et c’est une excellente nouvelle ! Au large de la Corse, des scientifiques ont découvert des nuées de petits poissons. Quinze colonies géantes de picarels, composées de nids gardés, chacun, par un mâle, ont été observées par des chercheurs d’Andromède Océanologie et de l’Université de Montpellier (UM), expliquent-ils dans un communiqué de presse publié en septembre dernier. Soit : 18 millions de nids. « Les mâles creusent les nids en arènes en tournant rapidement sur eux-mêmes comme une hélice», selon le témoignage d’un plongeur. Précisons que le picarel naît femelle et devient mâle en grandissant.
Ces colonies couvrent plus de 134,6 hectares entre 37 et 50 mètres de profondeur.
Des « oasis de vie marine »
Pourquoi devons-nous nous réjouir de la présence en masse de ce petit poisson hermaphrodite qui se nourrit de plancton ? Elle témoigne de la bonne santé de l’écosystème environnant. Car les picarels (Spicara smaris) jouent un rôle écologique exceptionnel en créant des « oasis de vie marine ». « Une riche macrofaune comprenant des espèces menacées peut être observée autour des nids, mangeant les œufs ou les adultes », écrivent les chercheurs. Le requin ange fait partie de cette macrofaune.
Hasard et nécessité
La découverte de ces immenses colonies a d’ailleurs eu lieu par hasard en mai 2021 lors d’une vaste campagne axée sur les requins anges . « Une étude auprès des pêcheurs locaux nous a permis d’apprendre que ces derniers connaissaient les zones de reproduction des picarels et les utilisaient pour pêcher le Saint-Pierre * », indique Michel Marengo, directeur de la Station de recherches sous-marines et océanographiques (Stareso) à Calvi.
Si ces poissons sont aussi nombreux, c’est qu’il y a peu de pêche dans le coin… et peu de touristes sur le littoral. Ce dernier abrite l’un des herbiers aquatiques les plus vierges de la Méditerranée . « La sensibilisation à ce phénomène est importante non seulement pour la gestion de la pêche et de l’ancrage des bateaux, mais aussi pour la conservation des espèces menacées qui y vivent », conclut l’organisme de recherche Andromède Océanologie.