Fleuriste, un métier à risque ? On y pense peu. Jusqu’au témoignage de Laure Marivain. Il y a quelques mois, le fonds indemnisation des victimes des pesticides a reconnu un lien de causalité entre le décès d’une leucémie de sa fille de 11 ans, en 2022, et sa propre exposition aux pesticides, alors qu’elle était enceinte. Une exposition due à son métier : fleuriste. « Jamais personne ne m’a dit que les fleurs avec lesquelles je travaillais avaient été traitées avec des produits toxiques surtout avec des pesticides interdits qui peuvent nuire à la santé », déplore Laure Marivain sur France Info.
Un manque de réglementation et de prévention
Les fleuristes sont en effet régulièrement en contact avec des résidus de pesticides présents sur les fleurs coupées. Mais n’en sont que peu, voire pas informés.
9 fleurs sur 10 vendues en France poussent à l’étranger. Elles proviennent principalement d’Afrique de l’Est et de Colombie. Des pays qui traitent lourdement les fleurs, avec des substances potentiellement interdites en France. Des substances qui leur permettent notamment de supporter ce voyage.
Et contrairement aux fruits et légumes, il n’existe pas pour les fleurs de réglementation européenne permettant de fixer des limites maximales de résidus. Les contrôles de ces résidus sont inexistants.
De trop rares études sur l’impact des pesticides sur les fleuristes
Par ailleurs, trop peu d’études se sont jusqu’à présent intéressées de près au risque encouru par les fleuristes. On peut tout de même citer une étude belge datant de 2018. Celle-ci a montré que les fleuristes sont exposés à des niveaux de pesticides bien supérieurs aux niveaux considérés comme sûrs pour les travailleurs. Dans le détail, elle a révélé la présence de plus de 100 résidus de pesticides différents sur des bouquets de fleurs et sur les mains des fleuristes. Elle a aussi mis en lumière la présence de 70 résidus de pesticides dans les urines de ces professionnels (parfois, dans des concentrations préoccupantes pour la santé).
Fin 2024, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été saisie afin d’établir une analyse des risques pour les travailleurs du secteur des fleurs coupées. Objectif de cette première étude : évaluer l’exposition des professionnels de la fleur aux pesticides et proposer des évolutions de la réglementation afin de la rendre plus protectrice.
Des fleurs bio à privilégier
Les fleuristes et floriculteurs bio sont encore peu nombreux, mais ils existent. Si vous le pouvez, privilégiez donc des fleurs qui ont poussé sans pesticides. En favorisant des fleurs françaises et de saison.