«Nous allons vers une disparition des stations de basse altitude, mais quand, je ne sais pas. Le plus tard possible, j’espère». Début décembre, Christophe Sestier, maire de Saint-Pierre-de-Chartreuse, situé à 900 mètres d’altitude, ne débordait pas d’optimisme. Et il y a de quoi : si le domaine skiable de son village a ouvert cette année avec 70 cm de neige, en janvier dernier, les 35 km de pistes avaient été fermés pendant trois semaines, faute de neige. Provoquant la mise au chômage technique de quarante saisonniers.
La moyenne montagne déjà en péril
Le réchauffement climatique, et ses conséquences directes sur l’enneigement des stations, ne sont plus des hypothèses. Pour les stations de moyenne montagne c’est déjà une réalité et l’avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Elles vont avoir les plus grandes difficultés pour poursuivre leurs activités de ski à cause de la diminution des précipitations neigeuses et de la hausse des températures. Les canons à neige ne seront même plus la solution de repli: ils seront inutilisables en raison de la chaleur.
Mauvais bilan carbone
Depuis les années 2000 pourtant, les initiatives pour mettre les stations au vert se multiplient. Une charte Développement durable lancée par l’ANMSM ( Association Nationale des maires de Stations de Montagne) en partenariat avec l’ADEME, a déjà été signée par cinquante stations et engagent ses signataires à apporter, en dix ans, des réponses « concrètes » aux évolutions climatiques. Début 2010, dix stations de ski ont publié pour la première fois leur bilan carbone. Présentée devant le Sénat, cette étude a ainsi pu définir les postes les plus émetteurs de gaz à effets de serre. Les remontées mécaniques ou l’entretien des pistes ne sont pas les plus coupables, avec seulement 2%. Tandis que le transports des touristes et les usages energétiques des bâtiments émettent respectivement 57% et 27 % des GES. Plusieurs stations ont mis en place des plans d’action : Saint-Lary Soulan dans les Pyrénées a inauguré une télécabine reliant directement le village à la station, afin de diminuer la circulation. A La Plagne, une chaufferie bois a été installée afin de remplacer le fioul lourd dans quarante sept bâtiments.
« Flocons verts » pour stations exemplaires
Ces bonnes pratiques sont d’ores et déjà recensées dans l’Eco Guide de l’association Mountain Riders. Si ce guide ne permet pas de choisir sa destination touristique selon des critères de « durabilité », Mountain Riders decernera à l’horizon 2014 des « Flocons Verts », 0 à 4 flocons, pour les stations exemplaires en matière de développement durable. « Le niveau d’exigence sera élevé car nous souhaitons que ce label permette aux stations les plus actives et motrices d’être valorisées auprès de leurs clients et de leur territoire », souligne l’association.
Lancement de l' »Appel pour nos montagnes »
Fin décembre 2011, la Mountain Wilderness (MW), la délégation française de la Commission Internationale pour la protection des Alpes (Cipra) et l’Association Nationale des Centres et Foyers de ski de Fond et de montagne (Ancef) ont lancé un grand cri d’alarme. Malgré les discours consensuels sur le ski vert, les écostations ou l’économie solidaire, les stations de ski s’étendent toujours plus, au détriment de la biodiversité. L’ « Appel pour nos montagnes » de ces trois ONG a déjà réuni plus de 130 personnalités de tout horizon, de Pierre Rabhi à Jean-Louis Murat, en passant par la navigatrice Isabelle Autissier, qui souhaitent eux-aussi, une évolution autre que le bétonnage tout azimut. Il semblerait que cela en est bien finit de l’or blanc.