Les temps changent bien vite. Aujourd’hui, on est « in » non pas quand on a la dernière grosse voiture à la mode, mais plutôt… quand on en a pas. Ou plutôt, quand on pratique l’auto-partage, aux multiples vertus écolo. En Europe, la Suisse a montré la voie dès 1948, avec la coopérative SEFAGE de Zürich, mais l’expérience restera confidentielle. En France, c’est à la fin des années 90 que des citadins créent les premières associations, et dans les années 2000 que l’autopartage s’affirme comme un réel service de mobilité. En 1993, Liselec, à la Rochelle, fait figure de pionnier (et non Autolib, qui est loin d’avoir été premier !)
Et l’autopartage pourrait bien faire des émules en France! L’institut Ipsos a réalisé en 2009 pour le compte de l’observatoire Europcar du transport une enquête d’opinion sur le thème : « Les automobilistes français et la crise » (cliquez ici). On y apprend que 40% des Français envisagent ou ont envisagé de se séparer d’une de leurs voitures dans l’année à venir. Parmi les principaux changements, les automobilistes français sont plus nombreux que leurs homologues européens à trouver que leur véhicule pèse lourd dans leur budget. Pour 92 % des automobilistes français, « posséder une voiture coûte cher » (contre 84 % pour les Européens) et 25 % déclarent que le coût de leur voiture n’est « pas raisonnable » au regard de leur situation financière (18 % pour l’Europe).
Une différence d’usage entre Autolib, Liselec et les autres services d’auto partage
L’autopartage, c’est quoi? Selon le site auto-partage, c’est un « nouveau système écologique pour se déplacer en ville : au lieu de posséder un véhicule que l’on va utiliser épisodiquement, on loue un véhicule (avec ou sans abonnement, suivant la durée d’utilisation et/ou le nombre de kilomètres) ». Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, l’Ademe, cela répond à un vrai besoin puisque « 70 % des trajets effectués par ce moyen ne pourraient pas être faits autrement qu’en voiture, la desserte en transports publics n’étant pas assez complète, la course en taxi et la location traditionnelle de voiture n’étant pas adaptées pour des trajets de moins d’une demi-journée. »
Plus précisement, on distingue deux modèles d’autopartage: celui d’Autolib ou Liselec et celui des autres compagnies nationales. Le premier, comme pour le Vélib, se distingue par un usage type « Vélib », très spontané et parfait pour de courts voyages intra-urbains. Une soirée qui finit un peu tard? En quelques clics, vous réservez votre Autolib’, (voir notre vidéo) et vous rentrez chez vous pépères. Le second est plutôt destiné à des déplacements plus longs, comme un voyage à la campagne, et prévus. On réserve sa voiture pour amener la petite à son cour de sport, ou bien pour un diner en périphérie de ville.
« On estime qu’il y a environ 50.000 utilisateurs abonnés à l’année », explique Jean-Baptiste Schmider, directeur d’Autopartage, le réseau coopératif d’entreprises d’autopartage qui représente « 90% des acteurs en province ». Le secteur progresse à la vitesse folle de 30% par an. « C’est plutôt une activité qui se développe avec la crise, les gens se demandent comment réduire leur coût », continue le directeur. Leur profil ? « Des actifs urbains, trentenaires ou quarantenaires, qui n’ont pas besoin d’une voiture tous les jours pour aller au boulot et l’utilisent en moyenne deux fois par mois. Les plus jeunes évitent d’acheter une voiture, les autres l’ont vendue. Ils se servent du service pour faire leurs courses, vient ensuite l’accompagnement des enfants à des activités, puis les loisirs, les balades ou les déplacements professionnels occasionnels».
Jean-Baptiste Schmider est également directeur d’Auto’trement, un service d’auto-partage lancé en 2001. Pour vous donner une idée, il y a 575 abonnés pour quarante véhicules répartis dans 14 parkings et 41 % des abonnés auraient une voiture s’ils n’adhéraient pas à l’autopartage. Le tout permet d’éviter la libération de 519 tonnes de CO2 par an, soit 180 tonnes équivalent pétrole économisées par an.