Il n’est pas joli joli, plutôt gris et ne vit que la nuit. Mais il embête sacrément les producteurs d’OGM. Lui, c’est le Busseola fusca, un papillon de nuit sud-africain, ravageur de plantations de maïs.
La star des maïs OGM
Pour ceux qui l’auraient oublié ou jamais su, « une plante transgénique est une plante dont le génome a été modifié par l’introduction d’un gène qui peut provenir d’une autre plante, d’une bactérie ou de tout autre organisme. Ce gène peut coder une nouvelle protéine, par exemple un composé toxique pour les insectes ravageurs, une enzyme qui intervient dans la maturation des fruits, une substance qui bloque la multiplication d’un virus… », nous dit l’Inra, l’Institut national de la recherche agronomique.
Dans notre cas, le maïs est dit « Bt », du nom de la bactérie Bacillus thuringiensis qui a donné au maïs son pouvoir de faucheur d’insectes. Notre maïs synthétise donc son propre insecticide- c’est un “biopesticide” – qui détruit les ravageurs venus le boulotter.
Les zones refuges, une solution miracle ?
Le hic, c’est que petit à petit, les insectes développent des résistances aux OGM. Selon cette étude publiée dans Nature Biotechnology, des résistances à des toxines Bt sont établies pour cinq des treize grandes espèces d’insectes ciblées par ces plantes transgéniques. En 2005, une espèce était parvenue à s’adapter à ces cultures. Pour contrer ce phénomène, une technique est mise en place : celle de « zones refuges ». Ces zones sont des parcelles de plants non OGM plantés à côté de champs OGM. En bref, les insectes résistants des champs OGM ont ainsi bien plus de chances de se reproduire avec des insectes non résistants des parcelles préservées, et le nouveau né sera alors non résistant. En effet, il faut que les deux parents transmettent le gène concerné pour que la descendance soit elle-aussi résistante.
Oui mais…
Le nouveau hic, c’est que selon une étude publiée début septembre par la revue PLOS One, notre papillon de nuit sud-africain a développé assez rapidement une résistance particulière au maïs Bt. Nul besoin d’avoir deux parents résistants cette fois, un seul suffit !
Les agriculteurs sud-africains ont dû “changer de type de maïs et sont passés d’un OGM contenant une toxine à un OGM en contenant deux, explique le Figaro, qui cite ensuite Rémy Pasquet, chercheur à l’IRD (Institut de recherche pour le développement). Selon lui, ce cas « remet en cause ce qui était quasiment devenu un dogme, à savoir que la création d’une zone refuge rendait impossible l’idée d’une résistance. Ensuite, on peut se demander si l’insecte qui a développé une première parade – totalement inattendue – ne sera pas capable de s’adapter rapidement au nouveau maïs. Il est enfin possible de penser que d’autres insectes peuvent observer une évolution identique. »
Affaire à suivre donc.