À Marseille, l’agriculture urbaine a le vent en poupe grâce aux activités de la Cité de l’agriculture. Dans un premier épisode, nous vous avons raconté la création de cette association. Puis, dans un deuxième épisode, nous vous avons emmenés à la Ferme Capri, son projet phare situé dans les quartiers nord. Aujourd’hui, nous revenons sur l’essence du projet de la Cité de l’agriculture : faire essaimer la « justice agri-alimentaire ».
Justice agri-alimentaire : lier accessibilité et conditions de production
Car promouvoir l’agriculture urbaine sans vision sociale n’a pas de sens aux yeux de la Cité de l’agriculture. « Notre objectif, c’est que les personnes avec un petit porte-monnaie puissent acheter de beaux légumes, décrit Élise Chaintrier, responsable de médiation et de la coordination des publics à la Ferme Capri. Ce qu’on développe, c’est un projet de justice agri-alimentaire, d’accessibilité alimentaire ou de démocratie alimentaire, choisis le mot que tu veux. »
Sophia Djitli, responsable de la communication et de la programmation à la Cité de l’agriculture, complète : « Pour nous, il n’est pas possible de penser la question de la justice alimentaire indépendamment de l’agriculture et, inversement, il n’est pas possible non plus de penser à l’agriculture bio ou circuits courts sans penser la justice sociale. »
Comprendre les contraintes des consommateurs
Pour que les personnes les moins aisées aient accès à des produits de qualité, il faut d’abord comprendre leurs contraintes. « À la Cité Maurelette juste à côté, la place principale a été abandonnée à la vente de drogues. Donc ce n’est pas la priorité des habitants de manger des légumes bio et de saison », élabore Élise Chaintrier, en montrant les barres d’immeubles de l’autre côté de l’autoroute.
Bien sûr, il faut prendre en compte l’accessibilité par le coût. La politique de prix pratiqués par la Ferme Capri pour ses ventes de légumes a été réalisée à partir d’une étude de marché sur le territoire du 15e arrondissement, où elle est située.
Mais « cela coûte aussi du temps », ajoute Élise Chaintrier. « Dans les quartiers nord, il y a beaucoup de routes le long desquelles c’est désagréable de marcher. Ce n’est pas pareil de faire 1 km entre deux échangeurs qu’en centre-ville entre des boutiques mignonnes. Il y a donc un effort de transformation des pratiques à mettre en œuvre », précise Sophia Djitli.
Pour toucher les gens, la Cité de l’agriculture a donc compris qu’il « fallait aller au plus près d’eux ». Aux ventes du mercredi à la Ferme Capri, elle a donc ajouté une épicerie mobile, expérimentée depuis le printemps 2023. Celle-ci se déplace ainsi au cœur des quartiers avoisinants. En plus des légumes de la Ferme Capri, elle vend également des produits secs et des produits d’hygiène issus du réseau VRAC (Vers un réseau d’achat en commun).
Parrainer d’autres expériences
Et pour faire essaimer encore plus ces pratiques, la Cité de l’agriculture mise sur la transmission. Elle a publié sur son site un « Guide pour faire pousser une ferme urbaine ». Elle y insiste aussi bien sur la nécessité de la concertation avec les publics visés que sur des points de vigilance concernant les pratiques de maraîchage.
La Cité de l’agriculture accompagne également d’autres porteurs de projets d’agriculture urbaine, à travers un programme d’incubation ou d’autres types de formation. Elle a également initié un annuaire « plantureux et tentaculaire de l’agriculture et de l’alimentation durables » à Marseille. De quoi découvrir la variété des projets existants et continuer à semer des graines complémentaires.