Des années qu’on vous le répète : il faut boire 1,5 litre d’eau par jour minimum ! Mission quasi impossible pour nombre d’entre nous. Pour la diététicienne Paule Neyrat, ce n’est absolument pas nécessaire et elle a à coeur de remettre en perspective « cette idée bien ancrée dans nos têtes« .
Nous « mangeons » de l’eau
Elle commence par rappeler qu’il faut 1 ml d’eau par calorie dépensée, sachant que l’on dépense de 2000 -moyenne féminine- à 2500 calories par jour -moyenne masculine. Ce qui signifie que nous avons donc besoin de 2 à 2.5 litres d’eau par jour. » La moitié est apportée par les aliments qui contiennent tous de l’eau, sauf l’huile et le sucre, sachant que les légumes et les fruits en contiennent bien sûr le plus. Il reste un litre de liquide à fournir. Quand vous prenez un grand bol de café, qui fait facilement 300 ml, il ne vous reste plus que 700 ml à fournir ! », explique-t-elle. Ajoutez à cela un thé, une soupe, ou quelques verres d’eau, et le compte y est.
Il suffit d’écouter son corps, et donc de boire lorsqu’on a soif. « Dès qu’on est en déficit de 5%, on éprouve la sensation de soif. Et 5%, ça n’est pas dramatique« . N’oublions pas également que les besoins en eau varient fortement en fonction de l’activité physique, de l’alimentation et des saisons. Elle rappelle tout de même qu’en vieillissant, la sensation de soif diminue, et c’est là qu’il faut donc faire attention.
Boire beaucoup n’élimine pas les toxines
Pourquoi cette idée est-elle si répandue ? « Pour vendre de l’eau ! N’avez-vous jamais remarqué que les bouteilles d’eau minérales contiennent précisement 1.5 litre ?« , martèle la diététicienne. Un marketing bien efficace qui s’est appuyé sur un alibi minceur : boire beaucoup ferait maigrir. La réalité, c’est qu’aucune eau ne peut favoriser la fonte des graisses. La seule chose que l’eau peut faire, c’est « couper une fringale causée par une contrariété ou par du stress, pour éviter de se précipiter sur n’importe quelle cochonnerie. » Si vous êtes en hypoglycémie, la faim restera là… Quant à une plus grande élimination des toxines liée à une consommation d’eau plus importante, c’est une « vaste blague« . « Les toxines sont évacuées naturellement dans les urines. On est équipés, on a des reins pour filtrer tout ça« , résume Paule Neyrat.
Boire trop : danger ?
Certains experts sont même plus alarmistes. Boire trop d’eau serait non seulement inutile mais dangereux, surtout si l’on ne va pas assez souvent aux toilettes. L’urologue Brigitte Mauroy, coordinatrice du réseau Périnice spécialisé dans la lutte contre l’incontinence, n’a de cesse de le répéter : « Une femme sur cinq est concernée par des problèmes d’incontinence. Sur ce nombre, 32% ont ce problème de vessie distendue. Cela est dû en grande partie au matraquage publicitaire sur les bienfaits de l’eau, qui, associé au manque de temps pour aller aux toilettes, est désastreux« , expliquait-elle l’an dernier au quotidien 20 minutes. Si les femmes sont les plus touchées -elles seraient 6 millions- l’incontinence concerne aussi les hommes.