Bouteilles d’avenirs : une filière de réemploi du verre en plein développement

Et si la consigne faisait son grand retour ? Plusieurs acteurs s’emploient à la refaire émerger un peu partout sur le territoire. C’est le cas de Bouteilles d’avenirs, en région parisienne, qui s’attelle à déployer cette filière pour se réhabituer à rendre et à réutiliser du verre. Olivier Musy, l’un des bénévoles et administrateurs de l’association, nous parle de ses ambitions.

Qu’est-ce qui a donné lieu à la création de Bouteilles d’avenirs ?

Bouteilles d’avenirs a été créée début 2022. Il s’agit d’une association visant à collecter des bocaux et des bouteilles en verre pour les réemployer. Le but est de réaliser à la fois les collectes et le réemploi au niveau local, dans le sud de la région parisienne. La première année a été passée à défendre le projet et à trouver des financements. Puis cette année, nous avons lancé notre première expérimentation pour tester notre envie sur le territoire. Bouteilles d’avenirs est une association de préfiguration, car l’objectif à terme serait de créer une Scic [Société coopérative d’intérêt collectif] qui accompagnerait des personnes en insertion. Nous souhaitons aussi nous déployer dans tout le sud de l’Ile-de-France.

Comment se déploie votre première expérimentation ?

L’expérimentation a commencé en mars et sera menée sur six mois. Nous avons noué un partenariat avec un gros producteur et deux plus petits. Le premier, c’est la ferme Les Potagers de Marcoussis, dans l’Essonne, qui fait partie du réseau Jardins de Cocagne [jardins maraîchers biologiques à vocation d’insertion sociale et professionnelle, ndlr]. Elle a aussi une conserverie où elle produit des soupes, des sirops, des sauces. Elle-même avait déjà tenté l’aventure de la récupération de ses pots et de ses bouteilles en verre, mais elle n’avait obtenu des retours de ces contenants qu’à hauteur de 5 %. Nous le remettons en place avec elle pour tenter de lever certains freins, car nous sommes convaincus que cela peut fonctionner.

Quels sont ces freins au déploiement de la consigne qu’un réseau comme le vôtre peut venir combler ?

Il faut souvent passer du temps pour faire de la pédagogie auprès des distributeurs et des consommateurs pour ramener leurs contenants. Pour un producteur, c’est souvent trop compliqué à gérer. Avec Bouteilles d’avenirs, nous pouvons tenir ce rôle. Récupérer un pot d’un côté, deux bouteilles de l’autre… cela nécessite aussi de la logistique. Il faut stocker les contenants en attendant d’en avoir assez pour une collecte. Puis il faut organiser celle-ci pour qu’elle soit efficace, sans perdre trop de temps dans les transports. Nous allons par exemple installer, dans un certain nombre de points de distribution, des meubles et des caisses pour récupérer les bocaux et les bouteilles qui nous intéressent, puis nous allons nous charger de cette collecte et de la tournée.

C’est également nous qui allons stocker, trier et nous charger de laver les contenants avant réemploi. Pour l’instant, nous n’avons pas investi dans une machine à laver car c’est un investissement conséquent, mais Les Potagers des Marcoussis ont la leur. À terme, nous tenterons de prendre ça en charge directement ou de le faire faire par un laveur professionnel local.

Nous sommes également investis – ainsi qu’à travers le réseau national Réseau consigne – pour que les contenants deviennent plus standardisés, afin qu’ils puissent plus facilement être récupérés et réutilisés par différents producteurs.

Entre le réemploi du verre à travers la consigne ou bien le recyclage, les deux paraissent vertueux. Quelle est la différence ?

Il est possible de recycler le verre à l’infini et nous ne remettons pas cela en cause. Néanmoins, recycler ça veut dire refondre le verre et cela consomme beaucoup d’énergie pour être chauffé entre 1500 et 1800 degrés. Donc pourquoi ne pas réemployer ce qui peut l’être tel quel ? Le réemploi par rapport au recyclage, cela peut permettre d’économiser en fonction des filières jusqu’à 79 % d’énergie, 51 % d’eau et 77% d’émissions de gaz à effet de serre [selon l’étude Analyse de 10 dispositifs de réemploi-réutilisation d’emballages ménagers en verre réalisée par l’Ademe en 2018, ndlr].

La France va mettre en place « d’ici à deux ans » une consigne sur les emballages en verre, a annoncé, le 22 juin, la secrétaire d’État à l’Écologie, Bérangère Couillard. Que pensez-vous de cette annonce ?

Pour moi, cela signifie que ce que l’on est en train de faire a encore plus d’intérêt. De plus en plus de producteurs vont être amenés à réorganiser eux-mêmes la récupération de leur contenants en verre, mais pour les petites structures, une association comme la nôtre pourra venir répondre à leurs problématiques en termes de logistique et de massification, ce qu’elles n’auraient ni le temps ni les moyens de mettre en place. C’est une annonce qui va dans notre sens et qui va nous aider à nous développer.