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Entretien

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Chloé Chassang-Itier : paysanne-viticultrice dans le Cantal

"Un bon vin, c’est quand il y a écrit "récoltant"

Chloé Chassang-Itier, paysanne viticultrice dans le Cantal © Archives personnelles

Paru le 15 octobre 2024

Ecrit par Perrine de Mon Quotidien Autrement

Chloé Chassang-Itier, paysanne-viticultrice âgée de 30 ans, est installée depuis 2019 dans une ferme en polyculture avec son mari à Massiac, dans le Cantal. Après des études dans le transport logistique, passionnée par les vignes depuis son enfance, elle décide de parcourir le monde pour découvrir ce qui se fait en matière de vin. Elle démarre ensuite une formation de commerce en vin et spiritueux avant de se lancer. En 2022, elle produit ses premières cuvées.

Deux jours par semaine, la ferme ouvre ses portes pour de la vente directe. Chloé Chassang-Itier et son mari, Florian Itier, proposent également leurs vins et leurs légumes sur les marchés de la région.

C’est en pleine cueillette de pommes que Chloé Chassang-Itier a répondu à nos questions.

Vous préférez vous définir comme paysanne plutôt que vigneronne, pourquoi ?

D’abord, parce que je ne travaille pas que la vigne. Et puis parce que vigneronne, les gens pensent juste que c’est tailler et ramasser le raisin. Alors que pour moi, dans le mot paysanne, il y a le travail de la terre. Quand je ramasse les légumes, en plein champ, je suis en contact avec la terre et c’est pareil quand je désherbe.

Vous travaillez en polyculture. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

J’ai la chance d’avoir mon mari qui a une exploitation : des pommiers, un verger d’à peu près cinq hectares. Nous faisons aussi du maraîchage et nous avons des céréales. Donc nous faisons beaucoup de choses. La polyculture, dans l’esprit des gens, c’est pour diversifier les productions et avoir plus de rendement. Mais une année où ça ne va pas, l’ensemble des cultures peut être touché. Néanmoins, cela nous apporte des revenus différents. Et puis cela permet de cultiver en rotation, ce qui est bénéfique pour la terre. 

Mais surtout pour mon mari et moi, cela permet d’expérimenter, d’apprendre les multiples façons dont on peut travailler le végétal.

Comment vivez-vous les dérèglements climatiques ?

J’ai la chance d’avoir des vignes situées en altitude. C’est très bénéfique pour la maturité des raisins. A la fin de l’été, les journées sont très chaudes et le soir, les températures vont descendre. Cette amplitude jour-nuit évite que les raisins mûrissent trop vite.

Mais, ces dernières années ont été compliquées. A cause des sécheresses en 2023, et en 2024, il y a eu le gel puis la pluie en abondance, ce qui a généré des maladies. Même si nos vignes sont en altitude, cela n’a rien changé. Je n’ai pas eu de récolte cette année…

Comment pouvez-vous lutter contre le changement climatique ?

Pour moi, le point principal est d’avoir plus de liberté. Nous sommes dans un système où la législation nous oblige à travailler avec certains cépages. Aujourd’hui, nous sommes obligés de planter des vignes avec un porte-greffe. Nous ne pouvons pas utiliser des francs de pied [ndlr : les cépages plantés franc de pied sont non greffés]. Il faut que les pieds proviennent d’une pépinière, que les plants soient chauffés pour ne pas avoir telle ou telle maladie. C’est très réglementé. Je ne peux pas faire de bouturage, par exemple, en tout cas de ce que je connais et pour mon cas, ici. Après, peut-être qu’il y en a qui font autrement ailleurs.

Je travaille donc sur des pieds qui sont clonés, et j’ai bien vu que ça avait peiné. Les pieds ont faiblis. Ils ne sont pas morts, mais ça va être difficile à tailler pour l’année prochaine. Nous ne pouvons pas remettre des variétés qui poussaient avant toutes ces réglementations. Pourtant, il me semble que certaines espèces de vignes, aujourd’hui interdites, étaient plus résistantes. 

Votre vin n’est pas labellisé bio, est-ce un choix ?

C’est un label qui coûte de l’argent et qui ne me paraît pas indispensable.

J’ai la chance d’être dans un endroit où il n’y a pas beaucoup de vin. Mes clients voient comment nous travaillons, même avec nos légumes, nos pommes. Ils ne me posent pas souvent cette question-là.

J’essaie de travailler de la façon la plus saine possible, parce que je suis tout le temps dans mes vignes. Je le fais pour moi et pour mes clients. Dernièrement, j’ai eu un petit garçon et quand j’étais enceinte, je ne voulais pas aller dans mes vignes et faire courir des risques à mon enfant. Et même mon vin, je veux le boire sans me poser de questions.

Après, de temps en temps, nous sommes obligés de traiter. Sinon, nous n’aurions aucun résultat. Mais les produits que nous utilisons sont homologués. Nous ne faisons pas n’importe quoi.

Par exemple, pour traiter, nous utilisons au maximum des produits de contact, à base de soufre et cuivre, alors qu’il y a aussi des produits systémiques et des pénétrants. Les contacts, ce sont ceux qui sont les moins nocifs pour la plante : ils sont lessivés avec la pluie. Le problème, c’est que quand il ne fait que pleuvoir, comme cette année, le produit n’a que peu d’effet.

Si j’avais utilisé d’autres traitements, j’aurais peut-être pu sauver les 20 % de ma récolte, les 20 % qui me restaient après le gel. Mais je n’ai pas voulu. Parce que les produits pénétrants, je ne sais pas ce que ça fait à la plante. Certains viticulteurs ne se posent peut-être pas la question. Moi, je me la pose.

Auriez-vous des conseils à donner à nos lectrices et lecteurs pour choisir leur vin ? Quels sont les critères importants à vos yeux ?

Je pense que l’un des critères plus importants, est qu’il y ait écrit un « r » pour « récoltant » sur la Marianne [ndlr : facultative depuis 2019, la Marianne est un sceau métallique présent généralement sur le goulot, et qui atteste de l’acquittement des droits fiscaux sur l’alcool]. C’est ce qui est écrit sur mes bouteilles. Cela veut dire que les raisins qui ont été utilisés et vinifiés pour mes vins ne viennent que de mes parcelles. Alors que quand vous voyez écrit « récoltant négociant », cela veut dire que la vendange a pu être achetée ailleurs pour faire le vin.

Pour moi, un bon vin, c’est quand il y a écrit « récoltant », parce que ça veut dire que la personne, qui a fait ce vin, a suivi le raisin du début à la fin.

Avis sur : Chloé Chassang-Itier : paysanne-viticultrice dans le Cantal

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