Depuis quelques années, on voit émerger en France de surprenantes filières agricoles. Ginseng, thé, amandes… Les raisons en sont multiples. Une volonté de relocaliser certaines filières agricoles et certains savoir-faire anciens. Des évolutions technologiques qui permettent de recréer les conditions climatiques optimales à la culture de certaines plantes originaires de contrées lointaines. Mais aussi le changement climatique qui permet de faire pousser en France des fruits et légumes qu’on ne trouvait autrefois que dans les pays du Sud. Petit tour d’horizon de ces étonnantes plantations.
L’amande
Depuis trois ans, la filière agricole de la région Paca, région de culture historique de ce fruit, se mobilise pour relancer la production des amandes. Au niveau mondial, la demande est en très forte hausse, en raison de la progression du « snacking sain » et de leur utilisation dans les cosmétiques. En une dizaine d’année, elle est passée de 680 000 tonnes à 1,2 million de tonnes. En France, on en consomme environ 42 000 tonnes chaque année alors qu’on en produit à peine 500 tonnes. Actuellement, 80 % des amandes dans le monde proviennent de Californie. Mais le mouvement la Compagnie des Amandes, présidée par l’homme politique Arnaud Montebourg, a l’ambition de changer la donne. 25 hectares ont été plantés à l’automne 2020.
Le cornichon
80% des cornichons consommés en France viennent d’Inde. Les 20% restants viennent presque en totalité d’Europe de l’Est. Jusqu’à la fin des années 90, ils poussaient encore dans l’Hexagone. Depuis 2016, la filière française a été relancée par le groupe Reitzel. Douze agriculteurs de la Sarthe, du Loir-et-Cher, du Cher et de l’Indre-et-Loire le cultivent de nouveau. En 2019, la récolte atteignait 263 tonnes et 800 000 bocaux. Soit 1 % des cornichons vendus en France. L’ambition des producteurs français : atteindre 10 % en 2027.
Le houblon
Stimulée par la croissance des micro-brasseries et leur recherche de matières premières locales, la filière française du houblon renaît et conquiert même de nouvelles régions, hors des régions historiques en Alsace (qui produit plus de 90 % du houblon français) et dans le nord de la France. Le Lot-et-Garonne, la Normandie, ou encore l’Auvergne s’y sont mis.
Le ginseng
On vous en parlait en 2017, le ginseng, utilisé depuis des millénaires dans la pharmacopée asiatique et cultivé en grande majorité en Corée, pousse désormais dans le Sud de la France. Quatre amis se sont lancés dans cette aventure il y a un peu plus de 10 ans, en créant France Ginseng. La demande est au rendez-vous et elle a particulièrement augmenté cette année, lorsque la pandémie a obligé les pays d’Asie et d’Amérique latine, les principaux fournisseurs, à mettre en pause leurs exportations. Au point que France Ginseng veut désormais étendre ses surfaces de production. Un culture rendue possible par une bonne dose de technologie. Car pour faire pousser cette plante qui a besoin de chaleur et d’ombre, la construction d’une gigantesque serre photovoltaïque a été nécessaire.
Le thé
Le thé conquiert la Bretagne. Un ancien physicien amoureux de la Chine s’est lancé ce défi. Il possède aujourd’hui 15 000 plants, dont 2 000 exploitables et, l’an passé, il a lancé la commercialisation de son thé Made in Bretagne. Objectif : cultiver 10 ha à l’horizon 2023. Un autre cultivateur s’est aussi lancé dans le Finistère.