À Sergines, un village dans l’Yonne, aux limites de la Bourgogne, la préfecture a approuvé un projet nocif : un méga-poulailler, 40 000 bêtes sur 1.800 m2. Chaque poulet a une feuille A4 pour « bouger » et ne verra jamais le jour de sa vie …
Pourquoi le projet a-t-il été accepté ?
À l’origine du projet, l’industriel agroalimentaire français Duc, numéro deux de la volaille en France, racheté par le géant néerlandais de la volaille PLUKON Food Group.
Duc n’en est pas à son coup d’essai. Dès octobre 2021, Damien Calandre, directeur de Duc, expliquait dans le journal L’Yonne républicaine la volonté du groupe de développer « 80 » méga-poulaillers autour de l’abattoir de Chailley (Yonne), siège social de Duc. À Chailley, on abat 1 million de poulets par semaine.
Les arguments mis en avant sont toujours les mêmes : l’emploi local et la lutte contre les importations de poulets bas de gamme de Pologne, des Pays-Bas ou du Brésil. 45 % de la volaille consommée en France est aujourd’hui importée (majoritairement à destination de la restauration et des cantines scolaires).
« On nous reproche de produire du poulet standard, mais c’est ce que le marché nous demande », explique à l’AFP, le porteur du projet, Éric Bourdon, un agriculteur du village de Sergines.
« Ce projet concourt au plan filière ‘volaille de chair’ qui a pour objectif la structuration d’une filière française de volaille standard, travaillant avec des agriculteurs locaux et respectant une réglementation exigeante, dans un objectif de souveraineté alimentaire », a justifié la préfecture de l’Yonne dans un communiqué de presse.
Un méga-poulailler, c’est barbare et une aberration écologique
Ces méga-poulaillers sont des non-sens absolus à bien des égards. En premier lieu, en terme de bien-être animal auquel nous devrions tous être collectivement attachés. C’est également un non-sens sanitaire quand on connait les ravages de la grippe aviaire pour laquelle la France a relevé le niveau d’alerte. Ces structures sont aussi à l’origine de nuisances pour les habitants : olfactives et routières avec un chargement des routes non prévues pour cet usage.
C’est une aberration écologique. Les méga-poulaillers sont très consommateurs d’eau. Les réserves d’eau des villages alentour seront donc impactées avec des conséquences importantes pour la population dans un contexte où le gouvernement appelle aux économies d’eau et où les périodes de « restrictions sécheresses » seront de plus en plus nombreuses. Quant aux conséquences en matière de pollution des rivières souterraines, elles n’ont jamais fait l’objet d’études…
Enfin, les dommages collatéraux sur les petits producteurs sont là.
« Des élevages de volailles bio se sont transformés en élevages à la solde de l’industriel Duc, expliquait à France 3 Bourgogne Amélie Poinssot, autrice pour Médiapart qui a publié une enquête sur le fonctionnement des différents sites de l’industriel.
Quand commencera-t-on à agir autrement ?
En motivant toujours tout par l’emploi et la souveraineté française, rien ne changera jamais.
Le rapport de synthèse du GIEC vient d’être publié et les conclusions sont imparables. Il faut modifier nos systèmes et nos comportements le plus rapidement possible. Quand comprendra-t-on qu’il y a urgence à revenir à une agriculture moins productiviste, régénératrice, qui passera nécessairement par le retour à des exploitations de taille beaucoup plus humaine ? La modification de nos comportements en tant que citoyennes et citoyens peut également beaucoup. Dans la mesure de nos moyens, nous pouvons faire des arbitrages budgétaires en faveur d’une alimentation plus durable et influencer ainsi la demande qui à son tour influencera les évolutions du marché.