L’opacité est grande autour de l’origine des ingrédients présents dans les aliments transformés. C’est pourquoi Olivia Grégoire, ministre des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, a mis en place le nouveau logo « Origin’Info ». Cette mesure est l’une des réponses à la crise agricole qui a secoué l’Europe au cours de l’hiver 2024.
Une mesure effective dès l’été 2024
L’idée de cette initiative est de donner plus d’informations aux consommateurs, en indiquant l’origine des matières premières agricoles et des différents ingrédients contenus dans les aliments transformés. Annoncée en mars dernier, la mesure devrait entrer en vigueur dès l’été 2024.
D’après la ministre, 80 marques se sont engagées dans le dispositif. D’ici à fin 2024, cela pourrait représenter 10 000 références affichant « Origin’Info » sur le devant de leur emballage. En dessous du logo, seront indiqués le ou les pays d’origine des produits agricoles utilisés. Le tout de manière générique et donc facile à décrypter pour les consommateurs.
Les limites d’« Origin’Info »
Seulement, ce logo ne sera pas obligatoire. Les marques engagées le sont volontairement. À la suite de cette annonce en mars dernier, UFC-Que Choisir a publié une étude sur l’opacité des informations fournies aux consommateurs.
L’association de consommateurs a analysé un échantillon de 243 aliments transformés étiquetés par des grandes marques. Pour 69 % des ingrédients, l’origine était opaque. « 47 % d’entre eux n’ont aucune origine mentionnée et 22 % une origine purement générique avec des mentions floues du type « origine UE » ou « non UE » ».
L’étude met en évidence que l’indication de la provenance est au bon vouloir des marques. « Marie donne l’origine précise de plus de 8 ingrédients sur 10 pour les plats préparés de notre échantillon, là où Fleury Michon ne le fait que pour près d’un ingrédient sur 5″ détaille UFC-Que Choisir. C’est pourquoi l’association demande à la ministre de rendre obligatoire la mention « l’Origine-info ».
Pourquoi la provenance est-elle si opaque ?
Un grand nombre de marques industrielles agrémentent tout de même leurs emballages de drapeaux français, sans pour autant indiquer la provenance des aliments. Ce procédé peut porter à confusion pour les consommateurs. Il est pourtant autorisé, puisque le fait que ces aliments soient transformés en France suffit à afficher une identité locale.
Après l’annonce d’Olivia Grégoire, les industriels ont demandé que l’indication de la provenance soit volontaire ou affichée seulement sur Internet. Jusque-là, aucune obligation ne contraignait les marques à indiquer l’origine de ces produits. Ces dernières justifient l’opacité par de très grandes variabilités sur leurs approvisionnements en matières premières. Si c’est réellement le cas, ce qu’UFC-Que Choisir met en doute au vu des différences flagrantes entre les marques, ce serait un danger pour la traçabilité des ingrédients.
Bien sûr la transparence et la précision de l’information sont importantes. C’est pourquoi le faire via une information en ligne, accessible depuis le point de vente est tout aussi valable que sur l’emballage. D’autant plus qu’elle peut alors être reliée au lot de fabrication si la traçabilité est totale, et donc encore plus spécifique.
Pour les petits emballages, où il y a déjà beaucoup d’informations obligatoires et toujours plus d’informations à donner, tout en respectant une taille de de caractères minimum pour rester lisible, c’est un casse-tête. En donnant l’information en ligne, elle peut être plus a jour, plus précise et surtout être accompagnée d’éléments complémentaires d’explication sur les provenances ou les filières. Si l’étiquetage était obligatoirement sur l’emballage, cela pourrait impliquer de changer d’emballage pour se mettre a jour, donc d’imprimer de nouveaux emballages et de détruire des emballages non conformes, c’est à dire du gaspillage.