C’est son surnom de « blé noir » qui pousse à la confusion. Le sarrasin n’est pas une céréale, mais une plante aux mille vertus de la même famille que la rhubarbe ou l’oseille. Et d’ailleurs, ses fleurs sont blanches. Reconnaissons-le, même si on s’est habitué à sa grise présence dans les galettes bretonnes, on le connait peu. Le « blé noir », que l’on peut qualifier de pseudo-céréale comme le quinoa, vient d’Asie. Importé pendant les croisades, puis mis à l’honneur par Anne de Bretagne, il est devenu l’alimentation de base des Bretons. Dans les années 60, on comptait en France 116 000 hectares de culture de sarrasin (contre 4.000 aujourd’hui). Les agriculteurs, alléchés par le maïs et le blé, plus rentables, ont fini par le délaisser. Ce qui n’a pas plu aux Bretons. Flaubert ne disait-il pas que la galette traditionnelle était un « repas national dont les tristes délices ne peuvent être comprises que des Bretons » ?
100% bio
Il y a vingt ans, une poignée de producteurs bios avaient décidé d’en relancer la culture, et avaient créé l’Association Blé noir tradition Bretagne. « C’est tout de même le sarrasin qui avait autrefois sauvé les Bretons de la famine!», assure Christine Larsonneur, présidente de l’association. Aujourd’hui, des agriculteurs produisent de la farine de sarrasin 100% bio.
Ses qualités ne manquent pas. « C’est une plante nettoyante, une culture tampon parfaite pour qui veut passer d’une agriculture conventionnelle à une agriculture biologique. Et puis c’est une plante très rustique, qui pousse rapidement, n’a pas besoin de beaucoup d’eau, et n’est pas traitée ». Rajoutez à cela un délicieux goût de noisette, un fort apport en protéines et composés anti oxydants, l’absence de gluten appréciable en cas d’intolérance et vous voila fin prêts pour une tournée de galettes bretonnes.
Le succès est tel qu’aujourd’hui, nous consommons plus que nous ne produisons. La France importe donc du blé noir de Chine et des pays de l’Est!