Qui a dit que seuls les jeunes se mobilisaient pour défendre le climat ?
En mai dernier, deux femmes âgées de 82 et 85 ans ont endommagé à coup de burin une vitrine de la British Library, à Londres. La raison de ce vandalisme ? Derrière ces vitres, se trouvait la Magna Carta. En s’en prenant à ce texte fondateur de la démocratie anglaise, les deux octogénaires, membres du groupe Just Stop Oil, protestaient contre l’exploitation pétrolière et gazière. « Ce document célèbre traite de l’État de droit, et de l’opposition à l’abus de pouvoir. Notre gouvernement enfreint ses propres lois » ( il s’est engagé à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique, NDLR), explique l’une d’elles dans une vidéo postée par le mouvement écologiste.
Des retraitées suisses font condamner leur gouvernement
De plus en plus de seniors se mobilisent ainsi publiquement en faveur de la protection de l’environnement. Des collectifs de personnes âgées voient d’ailleurs le jour un peu partout en Europe. Le plus notable est sans aucun doute les Aînées pour le climat, en Suisse. L’association qui compte quelque 2500 membres, âgées de plus de 64 ans, existe depuis 2016. Après avoir mené, sans succès, des actions auprès de leur gouvernement, protestant contre son inaction climatique, elle a déposé en 2020 une requête auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme. En avril dernier, l’instance européenne leur a donné raison et a fait condamner l’Etat suisse pour son inaction.
En Belgique, les « Grootouders Voor Het Klimaat » se mobilisent également. Tout comme les Grandparents for a safe earth au Royaume-Uni et les Grands-parents pour le climat (quoi que plus timidement), en France.
Une fausse opposition « génération climat » contre « boomers »
Au-delà de cet activisme, de plus en plus, les « vieux » se sentent concernés par le dérèglement climatique et l’écologie. Trop souvent, on oppose encore une « génération climat » aux « boomers ». La première rassemblerait des jeunes (âgés de 15 à 30 ans), davantage engagés en matière d’écologie. La seconde, des personnes nées au moment du baby-boom (1946-1970), ayant profité de l’âge d’or de la société de consommation et étant aujourd’hui peu enclines au changement et à s’engager pour la planète.
Jeunes comme vieux peuvent mieux faire
A y regarder de plus près, le clivage n’est pas si net. Certes, le régime végétarien est plus répandu auprès la jeune génération et l’utilisation de la voiture est davantage ancrée dans les habitudes de la précédente. Certes, l’empreinte carbone moyenne des plus de 60 ans est également plus élevée que celle des jeunes (notamment car leur niveau de vie est plus élevé).
Mais une étude de l’Ademe affirme aussi que si les jeunes évoquent « plus spontanément les sujets environnementaux », l’engagement qu’ils revendiquent est « un faux-semblant, la grande majorité d’entre eux n’ayant ni adopté un mode de vie limitant leur impact environnemental, ni décidé de s’engager dans l’action militante ».