« Rien pour les vieux sans les vieux », c’est le slogan que s’est choisi le Conseil national autoproclamé de la vieillesse (Cnav), fondé début 2022. Véronique Fournier en est l’une des quatre instigatrices. Ancienne cardiologue, elle s’est impliquée en parallèle de sa carrière sur les questions de santé publique au sein du cabinet de Bernard Kouchner, puis a dirigé le Centre d’éthique clinique et le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie. Aujourd’hui, à 68 ans, elle plaide pour que la société et les pouvoirs publics écoutent davantage les besoins des personnes âgées.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de fonder le Conseil national autoproclamé de la vieillesse (Cnav) ?
Nous étions quatre à unir nos engagements et expériences différentes. Chacun de nous avait monté une association autour de la vieillesse : Grey Pride pour Francis Carrier, Vieux inégaux et fous (Vif) pour Éric Favereau, Vieux et chez soi cocréé ensemble avec Nicolas Fourier, puis La Vie vieille que j’ai aussi fondé il y a trois ans.
Nous nous sommes aperçus que cela faisait trois quinquennats successifs qu’on nous promettait une loi « grand âge », mais qu’elle était toujours mise sous le tapis. On nous répond qu’il y a d’autres priorités. Nous ne contestons pas forcément celles-ci, mais nous estimons que la question de la vieillesse doit être abordée bien plus frontalement qu’aujourd’hui et qu’il faut s’y mettre.
Les différents secteurs de la politique publique ne tiennent pas compte du fait que 30 % de la population est vieille, âgée de plus de 65 ans. On continue donc de faire évoluer la ville et les politiques de culture, d’habitat, de transports sans tenir compte de cette population. Les politiques de la vieillesse devraient être élaborées avec des gens vieux. Quand on a 40 ans, on ne sait pas ce que c’est de vieillir, c’est extrêmement difficile à concevoir.
De quelle façon se manifeste l’âgisme aujourd’hui ?
Les gens aux postes de commande comme les jeunes ne se rendent pas compte. Je ne crois pas qu’ils le fassent pour exclure volontairement, car souvent les gens sont chaleureux avec les personnes vieilles. Mais par exemple, ils n’ont pas conscience qu’en mettant trois codes d’entrée pour entrer dans un immeuble, aucun vieux ne s’en sort. Que si vous êtes un peu âgé et plus très sûr de vous, vous avez du mal à sortir de chez vous parce que les trottoirs sont encombrés de gens qui ne font pas attention où ils marchent, ont des écouteurs sur les oreilles, regardent leur portables ou se baladent en trottinette… Que pour prendre un train, c’est la croix et la bannière : les quais sont très longs, on est bousculé… Il y a aussi plein de stations de métros qui ne sont pas équipées d’ascenseurs ni d’escaliers roulants. C’est de moins en moins possible de circuler en voiture, alors que c’est le moyen de locomotion préféré des vieux.
Quelles sont les revendications du Cnav ?
Notre mantra, c’est « rien pour les vieux sans les vieux ». Nous voulons que ceux qui construisent les politiques publiques le fassent en ayant conscience que 30 % des gens ont des besoins différents. Nous voulons dire aussi que même si on est âgé, on peut encore apporter quelque chose à la société. Enfin, nous demandons à ne pas être considérés comme un groupe homogène. On a l’impression que l’identité vieille mange le reste. Qu’on n’est considéré qu’au travers de son âge et plus comme un individu avec une histoire, des intérêts particuliers et une personnalité unique. Or, on est tout ça aussi. Nous souhaitons la création d’un conseil national officiel des personnes vieilles, afin que l’on puisse débattre au plan national des pistes pour prendre en charge les questions de dépendance et de fin de vie. On nous a promis ça, mais c’est dans les limbes. Pour l’instant, le gouvernement a décidé de lancer le Conseil national de la refondation, dont l’un des sujets c’est le bien vieillir. On attend les propositions.
Quels sont vos prochains projets ?
Puisqu’on est considéré comme du poil à gratter et des gens turbulents, on s’est dit qu’on allait organiser un truc turbulent. Ce sera le « Contre-salon des vieilles et des vieux », qui aura lieu les 13, 14 et 15 octobre à Paris. On en a marre de ces salons seniors où on nous présente les derniers gadgets à la mode pour lutter contre le vieillissement, ne pas être seul, ne plus tomber… Nous ne voulons pas être les otages de la « silver économie ». Nous voulons nous prendre en charge nous-mêmes. Dans notre salon, on veut susciter de la rencontre, pour se demander comment s’organiser pour mieux vieillir. Est-ce qu’on mise sur l’habitat participatif, intergénérationnel ? Comment met-on en place du covoiturage de voisinage pour aller ensemble à une expo ou au théâtre ? Quelles sont les bonnes idées pour essayer d’éviter l’Ehpad à sa grand mère ? On invite tout le monde, y compris vos lecteurs qui ne sont pas encore âgés, pour essayer de parler de la vieillesse autrement. D’ailleurs, n’importe qui peut devenir membre du Cnav, il suffit de nous envoyer un e-mail.
Bonjour, j’adhère à votre démarche. J’ai rencontré Madame Fournier hier soir à l’occasion de la représentation de la piece À la Vie. Je la remercie de partager son expérience et sa réflexion sur la fin de vie. Merci de me communiquer vos actions afin d’y réfléchir. De tout cœur avec vous.
@ colmerauer : Vous avez envoyé le message ci-dessous à Mon Quotidien Autrement : http://www.monquotidienautrement.com
Mon Quotidien Autrement est un média en ligne qui publie chaque semaine des idées pour un quotidien plus écologique et plus éthique.
A ce titre, nous avons réalisé une interview de Véronique Fournier, cofondatrice du Conseil national autoproclamé de la vieillesse (CNAV).
Si vous souhaitez connaître de manière plus précise les actions menées par le CNAV, nous vous conseillons de prendre directement contact avec eux via leur site internet : https://www.cnav-demain.fr/adhesion/
Bonjour Véronique Fournier
Je suis avec vous et près à participer au projet ambitieux que vous portez, je vous ai regardé sur ARTE chez Elisabeth (merveilleuse d’intelligence et d’humanité), et vous m’avez conquis. Je peux contribuer à élaborer des solutions pour « éviter l’EHPAD » , en tant que consultant – formateur en management-organisation – accompagnement de projet (à la retraite) j’ai travaillé cette question avec les étudiants de l’IRTS de Poitiers en 2021 préparant le CAFDES (certificat de chef d’établissement d’EHPAD entre autre) et les sujets de mémoires présentes en nov 2021 à l’ EHESP (à Rennes) portaient à 60% sur les EHPAD à transformer en associant « les vieux et vieilles à la réflexion » et envisager des solutions pour accompagner les personnes âgées le plus longtemps possible à leur domicile ou domiciles partagés (ces mémoires non exploités sont une mine d’or d’idées), on pourrait solliciter des chefs d’établissement nouvellement formés qui ont cette vision à votre projet.
Je suis à votre disposition dès que vous le souhaitez pour vous rencontrer.
Daniel MARQUE 10 Le BOUFFAIS 35720 TRESSE (à 50 km de Rennes et 25 de ST Malo)
Ingénieur de formation – en retraite active né le 24/05/1948 ! actuellement entraîneur d’athlétisme a st Malo
tél 0673181415 / 0984038160 formconsult35@yahoocom
Votre article sur « Pleine Vie » m’a doublement intéressé par mon expérience et ma colère. J’ai gardé ma mère chez moi jusqu’au bout (Alzheimer) et décédée pendant le Covid et je défends actuellement mon voisin de 97 ans menacé par l’hôpital d’une tutelle et envoyé d’office dans un Ehpad !!!
Bonjour Madame.
Je tenais à vous féliciter pour vos initiatives. Et votre saine énergie.
Ayant travaillé 15 sans en Ehpad, je comprends l’ampleur du travail pour « bien avancer en âge » en gardant un bon moral.
Ce qui fait défaut dans notre pays, ce sont des STRUCTURES ADAPTEES POUR RETRAITES AUTONOMES. Avec des tarifs corrects.
TEL: Le village « Espoir Soleil » situé dans l,’Indre (36).
Mais qui n’est pas encore « parfait »…
Je vais, avec mon compagnon, suivre vos écrits. Bien respectueusement. Diane Iselin (65 ans.)
très noble initiative pour nous les oubliés iées