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Entretien

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Michel Poulain : « Les zones bleues, ces territoires de centenaires, restent un mystère »

Le démographe a tout de même identifié 7 facteurs de longévité.

Le démographe Michel Poulain est à l'origine du concept de zones blees Crédits Michel Poulain.

Paru le 27 août 2024

Ecrit par Déborah de Mon Quotidien Autrement

Le démographe Michel Poulain, spécialiste des centenaires et à l’origine du concept de  « zones bleues », nous en dit plus sur les secrets de la longévité. Selon lui, il est possible de s’inspirer des modes de vies des personnes âgées dans ces territoires pour accroître notre qualité de vie et notre santé.

Dans quel cadre avez-vous commencé à vous intéresser aux centenaires?

J’ai eu une première carrière d’astrophysicien. Ce n’est qu’en 1992, que j’ai commencé à m’intéresser aux centenaires, lorsqu’un médecin de famille belge a frappé à ma porte pour me parler de l’existence de 3000 centenaires belges. Je me suis pris au jeu. Et je suis progressivement devenu un validateur de l’âge des centenaires.

En 1992, lors d’une réunion de spécialistes des centenaires, à Montpellier, un médecin sarde nous a parlé d’une région sur l’île, comptant un grand nombre de centenaires et où les hommes vivaient presque aussi longtemps que les femmes, ce qui est rare. Cela nécessitait qu’un démographe se rende sur place pour vérifier. Ce démographe, c’était moi. En deux mois, 40 centenaires ont été validés dans les villages des montagnes sardes. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait sur ce territoire une concentration de centenaires inédite. J’ai tracé, avec un crayon bleu, la zone dans laquelle ils se trouvaient. De là, sont nées les Zones Bleues.

Que sont les zones bleues et combien en existent-ils aujourd’hui ?

Une zone bleue est une zone géographique homogène, où la population partage le même mode de vie et le même environnement. Et où la longévité est particulièrement élevée. Nous en dénombrons aujourd’hui cinq. La Sardaigne, qui a été la première découverte. Okinawa, au Japon. La péninsule de Nicoya au Costa Rica. Ikaria, en Grèce et la Martinique, confirmée en 2023. Au 1er janvier 2023, l’île comptait près de 400 centenaires, soit deux fois plus par habitant qu’en France métropolitaine.

Quels sont les facteurs de cette longévité ?

Malgré de nombreuses études, il n’existe à ce jour aucun moyen de savoir avec certitude ce qui explique une telle longévité. Les zones bleues restent un mystère. Nous avons toutefois identifié 7 grands principes que l’on retrouve dans l’ensemble des territoires, et qui semblent favoriser la longévité.

  1. Se déplacer au quotidien. Les personnes âgées vivant dans les zones bleues sont en constant mouvement dans leur vie quotidienne, au jardin par exemple. Les distances qu’ils parcourent chaque jour sont impressionnantes.
  2. Manger raisonnablement. Cela signifie ne pas trop manger, mais aussi consommer en priorité des fruits et légumes de saison, cultivés localement et éviter les produits transformés.
  3. Éviter le stress et dormir beaucoup. Dans les zones bleues, les personnes âgées ont tendance à se lever tôt et se coucher tôt, en suivant le rythme du soleil.
  4. Entretenir les liens familiaux. Dans ces territoires, l’importance des liens familiaux saute aux yeux. Les personnes âgées ne vivent pas seules et les rassemblements familiaux sont fréquents.
  5. Un fort soutien de la communauté. La solidarité dépasse en réalité le cadre familial. Les personnes âgées sont mises à l’honneur, elles sont au centre de la vie du village.
  6. Respecter la planète. Les préoccupations environnementales sont omniprésentes, même si le terme “écologie” n’est pas employé en tant que tel.
  7. Garder un but dans la vie. Les personnes âgées partagent une vision de la vie optimiste.

Le facteur génétique pourrait également jouer, comme en Martinique, où la forte sélection liée au contexte d’esclavage pourrait avoir un rôle, la plupart des Martiniquais étant descendants d’esclaves.

Est-il possible de s’inspirer des modes de vie des zones bleues pour favoriser notre longévité en France ?

Rien ne sert d’aller vivre en Sardaigne ou à Ikaria en espérant accroître son espérance de vie. Mais en appliquant ces sept grands principes, il est possible d’accroître la longévité de la population. Des expérimentations sont d’ailleurs en cours aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. Des politiques publiques tentent de mettre en place les conditions permettant de favoriser la longévité de leurs populations en s’inspirant des modes de vie des zones bleues.

Ces territoires parviennent-ils aujourd’hui encore à préserver cette longévité ?

De moins en moins. A Okinawa, l’arrivée de l’alimentation américaine, à partir du milieu des années 1940, a fait chuter l’espérance de vie. Dans cette ville du Japon, on trouve aujourd’hui, pour schématiser, des petits vieux et de jeunes obèses. Au Costa Rica, Burger King est en train de s’installer et de faire des dégâts. J’y étais allé en 2007 et y suis retourné il y a deux ans. La situation avait bien changé. C’est aussi l’isolement de ces territoires qui leur a permis de conserver ce mode de vie.

Au fait, comment vous assurez-vous qu’il s’agit bien de (super-)centenaires ? Dans de nombreux pays, il est difficile de connaître l’âge exact de la population.

C’est en effet la première étape. Lorsque nous apprenons l’existence d’un super-centenaire, nous procédons à une vérification de son âge. A 100 ans, il y a une chance sur 100 pour que l’âge soit erroné. A 110 ans, on passe à une chance sur deux. Pour le vérifier, nous utilisons en premier lieu les registres de baptême. Mais nous cherchons également les actes de naissance des frères et sœurs, du conjoint, des articles de presse, etc. Il faut que les faits soient consistants. Pour la première femme à atteindre 110 ans -une Hollandaise- nous avions agrégé 60 informations.

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