«Il faut détruire le concept d’espace vert en tant que rond-point, pelouse ou parc pour enfants. Dans un établissement hospitalier, le jardin doit être optimisé pour être utile aux malades et aux résidents. Être joli et vert n’est pas suffisant », affirme Alain Capenter, médecin des hôpitaux de Lyon et président de Jardin Art et Soin, une association qui soutient la conception et la réalisation de jardins de soins dans les établissements de santé.
Depuis quelques années, un certain nombre d’hôpitaux et de maisons de retraite ont entrepris d’aménager des « jardins de soins » (parfois aussi appelés jardins thérapeutiques) dans leur enceinte. C’est notamment le cas des établissements accueillant des personnes âgées dépendantes ou atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Stimuler le corps et l’esprit au jardin
L’efficacité limitée des traitements contre cette maladie favorise le développement de solutions alternatives. Ces jardins n’ont pas pour fonction de soigner les résidents mais de stimuler les fonctions cognitives, à la fois le corps et l’esprit et de les apaiser.
« Cela permet aussi aux personnes de montrer que, malgré la maladie, elles ont toujours la capacité de faire des choses, d’être créatives. Ce qui est une façon de changer les regards extérieurs sur la maladie », ajoute le professeur Joël Belmin, chef du service de gériatrie de l’hôpital Charles-Foix à Ivry-sur-Seine, dans La Croix.
« L’idée du jardin bénéfique pour les malades n’est pas nouvelle. Elle existe depuis plusieurs milliers d’années, rappelle Alain Carpenter. Depuis les jardins mythologiques jusqu’aux jardins des simples au Moyen-Âge. Déjà dans l’esprit de Saint Bernard de Clairvaux, qui est à l’origine de l’Abbaye de Fontenay, le jardin apportait du bien-être aux pauvres, aux déshérités et aux malades. »
Fenêtre sur le monde extérieur
Les jardins de soin ne se développent pas uniquement dans les établissements accueillant des personnes âgées ou souffrant d’Alzheimer. Ils ont également démontré les bienfaits pour les autistes, les personnes atteintes de trisomie 21… « Près de Dijon, nous avons par exemple réalisé un jardin plat de 1000 mètres carrés dans un foyer pour autistes, avec une partie fleurie et une autre, orientée très atelier, avec des bacs », raconte le président de l’association.
Le « jardin de soin » permet également d’ouvrir l’établissement sur l’extérieur. Les soignants sont plus enclins à venir passer du temps dans le jardin et donc partager des moments plus confidentiels avec les résidents. Pour les familles et en particulier les jeunes enfants, les visites à l’hôpital sont moins angoissantes. Le jardin devient ainsi une fenêtre sur le monde.