On vous le racontait il y a quelque temps, à force de répéter que tout part à vau-l’eau sans voir d’amélioration, les climatologues sont en pleine déprime. Et ils ne sont pas les seuls. En 2018, un sondage de l’Ifop montrait que 85 % des Français s’inquiètent du réchauffement climatique. Chez les 18-24 ans, ils sont même 93 % à être tourmentés par cette perspective. Les répercussions psychologiques du changement climatique ont désormais un nom. On parle d’éco-anxiété ou de solastalgie.
Et si l’urgence climatique nous pousse parfois, nous les adultes, à broyer du noir, les plus jeunes ne sont pas épargnés. « Ce sujet ne les laisse pas indifférents et les affecte émotionnellement », explique dans Télérama, Coline Stordeur, pédopsychiatre à l’hôpital Robert-Debré, spécialiste des troubles anxieux chez les enfants et adolescents.
Mais alors, comment empêcher que feux de forêt, sécheresses, tempêtes et fontes de glaces traumatisent les enfants. Comment leur parler de changement climatique ?
1/ Ne pas éviter le sujet
A la télévision, dans les journaux, dans les conversations, le dérèglement du climat et ses conséquences sont partout. Les enfants n’y échappent pas. Alors mieux vaut ne pas faire l’autruche.
« Les enfants, même les tout-petits, sont souvent exposés aux médias d’informations, et pas forcément avec le filtre et l’accompagnement des adultes. Ils ne comprennent pas tout, mais ils entendent que c’est grave, poursuit Coline Stordeur. Les enfants n’ont pas forcément la maturité pour […] mettre la distance nécessaire. Cela peut leur ajouter du stress et de l’angoisse d’entendre « menace imminente ou alerte rouge » et conduire certains enfants à l’idée qu’ils vont vivre la fin du monde. »
2/ Expliquer calmement les faits
Le manque de connaissances peut accroître l’angoisse des enfants. Les aider à comprendre ce que sont un écosystème, les gaz à effet de serre, pourquoi le climat change, etc. peut les aider à dédramatiser et à poser des mots sur leurs craintes.
C’est ce qu’explique Carole Stora-Calté, conférencière en écoles primaires sur le thème du climat et auteure de du livre Le monde Ouka, sur Medium. Ne pas hésiter à accompagner les explications de schémas ou de lire avec eux des livres ou revues abordant ces problématiques.
3/ Les rassurer, car tout n’est pas noir
Ok, la situation est grave, mais il existe des solutions, des alternatives. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous déplacer en vélo plutôt qu’en voiture, à réduire notre consommation de viande, à moins prendre l’avion. Les jeunes manifestent pour le climat. Les entreprises font de plus en plus d’efforts. Des petits producteurs s’engagent. Nous vous le montrons chaque semaine, dans Mon Quotidien Autrement. Les enfants aussi ont besoin de le savoir.
4/ Leur montrer qu’ils peuvent agir
Eux aussi, à leur échelle, peuvent agir, en triant leurs déchets par exemple, mais aussi en expliquant à leur entourage ce qu’ils savent et en incitant les autres à faire évoluer leurs habitudes. Avec des actions concrètes, les enfants se sentent moins impuissants face au réchauffement de la planète.
5/ Donner l’exemple
A travers notre comportement, nos achats, notre façon de nous déplacer, nos discours, nous pouvons montrer que se laisser aller au catastrophisme n’est pas une solution et qu’il est possible d’agir au quotidien. Fini l’angoisse passive !
Et l’école dans tout ça ?
L’Italie vient justement de décider de consacrer, à partir de 2020, 33 heures de cours par an aux questions environnementales et d’aborder des matières telles que la géographie et la physique sous l’angle du développement durable. En France, pas d’obligation, mais de nombreux professeurs parlent déjà de ces questions avec leurs élèves.