Décembre 2023. Les résultats de l’étude PISA 2022 (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) tombent : la France recule fortement dans le classement par rapport à 2018. Les élèves français peinent à lire de façon fluide et à comprendre l’écrit. Cette tendance, présente depuis les années 2000, s’accentue. Comment faire pour améliorer l’apprentissage de la lecture à l’école ?
Dans ce contexte, la mission d’information sur l’apprentissage de la lecture est lancée par la commission des affaires de l’éducation de l’Assemblée. Son objectif : établir un état des lieux pour comprendre les blocages et proposer des solutions pour y remédier. Elle a présenté son rapport en janvier dernier.
Les rapporteurs ont entendu près de 80 spécialistes du sujet : chercheurs, enseignants, directeurs, inspecteurs, parents d’élèves, etc.
Le constat
L’état des lieux montre des difficultés structurelles dans la transmission de ce savoir fondamental à l’école. Ainsi, en début de CE1, près d’un élève sur deux déchiffre les textes davantage qu’il ne les lit (moins de 50 mots lus par minute). Seuls un peu plus de la moitié des élèves entrant en sixième atteignait le niveau des attendus en fluidité de fin de CM 2.
Au-delà des résultats médiocres lors d’évaluations internationales, les rapporteurs notent les fortes disparités entre élèves.
Les causes
Les rapporteurs pointent en premier lieu la formation lacunaire et trop réduite des enseignants sur l’apprentissage de la lecture. Un tiers seulement des professeurs des écoles en France se considèrent bien ou très bien préparés.
Au manque de formation s’ajoute un problème de ressources. L’offre de manuels est très large (plus de 80 manuels recensés), mais parfois obsolète et pas toujours adaptée. Près de 40% des enseignants n’utilisent pas de manuels de lecture en CP. Certains professeurs, même quand ils en ont à leur disposition, n’y ont pas recours parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise ou préfèrent concocter leur propre méthode.
Finalement, les rapporteurs ont constaté la place importante prise par le numérique au détriment du livre. Un élève de maternelle passe ainsi 1 000 heures devant un écran par an, soit plus que le volume horaire d’une année scolaire, alors que les effets délétères de l’usage d’écrans dans l’enfance et la petite enfance ont été mis en évidence.
Les recommandations
Les rapporteurs estiment impératif de repenser la formation initiale des enseignants, avec davantage de cours spécifiques pour transmettre efficacement l’apprentissage de la lecture. Ils recommandent également d’accentuer l’apprentissage de l’alphabet au CP. Ce niveau constitue une classe charnière en matière d’apprentissage de la lecture. En effet, on apprend mieux à lire lorsque l’on apprend à écrire en même temps.
Accompagner
L’accompagnement des élèves en difficulté doit être revu car la difficulté de lecture n’est pas une difficulté scolaire comme une autre. Le déficit d’apprentissage de la lecture sera beaucoup plus difficilement rattrapable.
Finalement, les rapporteurs souhaitent favoriser la lecture de livres, en développant des dispositifs ayant fait leurs preuves, comme « quart d’heure de lecture » ou « Un livre pour les vacances » ou encore soutenir la création de bibliothèques d’école.