Les seize petites têtes blondes sont assises tranquillement autour de la table de classe. Nous sommes à l’heure du goûter. « C’est eux qui ont fait le pain qu’ils sont en train de manger. Ils en préparent tous les matins et le font cuire dans le four de la boulangerie juste à côté », explique Hélèna Hugot. C’est cette jeune femme brune à la silhouette gracile qui a créé, à Lyon, en janvier 2017, l’école Bonvena. Un mot qui signifie « bienvenue » en esperanto, langue internationale fondée au XX e siècle. Cette école maternelle privée hors contrat accueille aujourd’hui un peu plus de quinze enfants, âgés de 2 à 6 ans. Ils y suivent un enseignement basé sur les apprentissages préconisés par l’Education nationale mais également les pédagogies Montessori, Reggio Emilia, Freinet, ou encore Steiner.
Une école pour tous, adaptée à chaque enfant
Avant cela, Hélèna a travaillé plusieurs années en collège dans la région lyonnaise. De cette expérience, elle a tiré plusieurs constats : « Le dialogue entre parents et professeurs était réduit au minimum, ce qui était source de conflits sous-jacents, raconte-t-elle. Sans parler du fait que le tiers de mes élèves ne savaient pas bien lire. Je me suis dit qu’il fallait agir en amont. Auprès des plus jeunes. »
Elle décide donc de créer une école fondée sur trois piliers :
- la continuité éducative : A Bonvena, les parents ont toute leur place dans le projet éducatif. Chaque midi, deux des parents peuvent venir manger avec les jeunes élèves. Une façon de passer plus de temps avec ses enfants. Ils ont également leur mot à dire sur le projet pédagogique et peuvent proposer des ateliers en fonction de leurs envies et de leurs disponibilités. « L’un des parents organise par exemple bientôt un atelier pâtisserie pour créer des bonhommes en pain d’épice. Les enfants ont aussi pu s’initier à l’escalade. »
- la mixité sociale : le problème récurrent de ces écoles hors contrat, proposant une pédagogie alternative, est leur coût. Mais Hélèna voulait une structure qui puisse être accessible à tous. « Nous avons mis en place une tarification en fonction du quotient familial et une bourse solidaire permet de financer les frais de scolarité des familles ayant moins de moyens. » Inscrire son enfant à Bonvena coûte ainsi entre 0 et 475 euros par mois.
- le projet pédagogique : « On ne peut pas jurer que par Montessori, explique Hélèna. Cette pédagogie a été pensée il y a 100 ans. Elle n’est plus entièrement adaptée à notre société et nos modes de vie. On connaît aujourd’hui beaucoup mieux le fonctionnement du cerveau, ce qui est un très bon indicateur de l’apprentissage des enfants. » Un comité scientifique, piloté par Anne-Cécile Cornibert, responsable ressources et développement en projet de santé et éducatifs, se réunit donc mensuellement pour établir de bonnes pratiques pédagogiques, adaptées à chaque enfant.
D’autres écoles en cours de création
Plus qu’une école, c’est en fait un lieu éducatif qu’a créé Hélèna Hugot. Les locaux qui abritent l’école sont d’abord atypiques. Bonvena est implantée chez Hévéa, un centre dédié à l’innovation sociale et au développement durable. Y sont installés un coworking -où peuvent travailler les parents-, un restaurant bio et des espaces de travail pour des associations. Ensuite, c’est tout un modèle économique qu’il a fallu réinventer. « Trop d’écoles alternatives ne peuvent voir le jour ou rester ouvertes car elles ne sont pas viables économiquement », assure Hélèna. Le financement de Bonvena ne repose donc pas uniquement sur les frais de scolarité, mais également sur l’offre de coworking, sur les ateliers enfants (vacances, périscolaire, langues) et parents (« être parent en pleine conscience », « les émotions sont nos alliées »…), mais aussi sur la formation. De plus en plus d’écoles alternatives ouvrent leurs portes. Pourtant, il existe à l’heure actuelle très peu d’offres de formation pour ces entrepreneurs d’un genre nouveau. Hélèna leur fait donc profiter de son expérience : recherche immobilière, création d’un business plan, mise aux normes… Autant d’éléments qui ne constituent pas leur cœur de métier.
Bonvena a d’ailleurs l’ambition d’essaimer. Avec l’association Les Petits Plus, créée en 2016, Hélèna et son équipe viennent de lancer une campagne de financement participatif pour initier la création de lieux éducatifs à l’image de celui-ci, à Paris, à Nantes, ou encore à Grenoble. Alors si vous voulez leur donner un petit coup de pouce, c’est par ici.
Du bonheur …dommage nous n’habitons pas à Lyon… Bravo pour l’initiative et l’envie et le courage dont fait preuve Hélèna.
Tout à fait d’accord avec vous Vericel Nelly. D’autres écoles sont en cours de création à Paris, Nantes ou Grenoble.
Et si vous êtes intéressée par les écoles alternatives, un grand nombre d’entre elles sont recensées sur cette carte : http://www.neobienetre.fr/carte-des-ecoles-alternatives/