A partir d’aujourd’hui, mardi 2 septembre, six millions d’écoliers de toutes les communes de France inaugurent la semaine de 4 jours et demi de classe. C’est la réforme des rythmes scolaires, dite « réforme Peillon », du nom du ministre auteur de cette révolution qui a fait des remous dans le milieu de l’éducation.
Pour les écoliers, c’est un changement, mais aussi pour les communes, puisque la réforme implique la création de nouvelles activités périscolaires au coût important.
Victor, psychologue scolaire dans les Hautes-Alpes, nous donne son avis :
Pourquoi est-ce que cette réforme fait autant parler d’elle ?
La question des rythmes scolaires est une question centrale dans tout projet éducatif. Concevoir un système scolaire, c’est concevoir un contenant (les rythmes scolaires) et un contenu (les programmes). Et le programme dépend évidemment du rythme scolaire proposé. Ainsi, quand on pense à organiser un système scolaire, on pense à organiser la vie des enfants et, du coup, la question qui se pose est extrêmement dérangeante : à qui appartient l’enfant ?
La vie des écoliers sous Jules Ferry, c’est 48 semaines de cours, 5 jours par semaine à raison de 6 heures par jour, soit 1440 heures/an. La vie de l’enfant était alors bien remplie ! On voit que la liberté des parents était alors assez limitée car l’Etat et les églises avaient un certain droit de regard sur l’emploi du temps de la jeunesse.
Mais cent trente ans plus tard, les choses ont bien changé. De nos jours, les enfants fréquentent l’école primaire à raison de 864 heures/an soit 576 heures de moins qu’aux premiers temps de l’école obligatoire et gratuite.
Logiquement, l’Etat s’est soucié du contenu des 864 heures d’école par an. Mais ce qui est nouveau c’est que l’Etat s’est aussi soucié du temps de “non-classe”, les fameuses 576 heures restantes. Or, certains parents considèrent que ce temps leur “appartient”, et que rajouter des activités fatiguerait les enfants.
Pour les concepteurs de la réforme Peillon, l’idée est de dire que certains parents sont tout à fait à même de “remplir “ ce temps de cerveau d’enfant de façon intelligente (musique, équitation, théâtre, escrime …), mais pour de nombreux autres enfants, ce temps reste vide faute d’initiatives, de disponibilité, ou simplement de moyens financiers.
L’Etat a donc décidé d’obliger les collectivités territoriales (les mairies pour l’instant) à disposer d’un projet éducatif pour les enfants de leur commune. Et ça, c’est radicalement nouveau, peut-être même révolutionnaire ! En ce début d’application de la réforme, les villes manquent encore d’expérience, de moyens humains, parfois d’argent malgré les engagements de l’Etat. Les petites communes sont certainement confrontées aux difficultés les plus importantes.
La réforme a suscité de nombreuses oppositions. Un collectif s’est même créé: les “Gilets Jaunes”. Parti d’un simple groupe sur Facebook, il atteint 80 000 membres.
Ce collectif a agrégé des rancœurs et des motivations très diverses. Prenons l’exemple de certains enseignants du primaire : jusqu’en 2008, ils travaillaient cinq matinées par semaine. Nicolas Sarkozy a réduit ce temps à quatre matinées. La suppression de cette matinée a été accueillie par certains comme une aubaine. Sauf que toutes les enquêtes ont montré que cette réduction du temps de scolarité des enfants était absolument dramatique au niveau de l’efficacité du système éducatif.
La réforme Peillon prévoit non seulement une implication nouvelle des mairies mais aussi une matinée de plus par semaine, ce que certains ont du mal à digérer.
Du côté des parents, certains ont aussi mis en cause la qualité des activités proposées. Rappelons simplement que la réforme se met en place et que ces activités n’ont aucun caractère obligatoire pour les enfants.
En fait, vous la trouvez géniale cette réforme !
Je pense qu’introduire de la diversité dans les parcours d’enfants est une bonne chose.
C’est bien aussi que les parents puissent accepter ou non des activités proposées.
Que les collectivités territoriales puissent valoriser leurs potentiels est également une bonne chose. De nombreuses mairies trouvent ainsi dans ces activités un moyen d’optimiser l’utilisation de leurs équipements collectifs.
Alors, oui, personnellement, je trouve cette réforme géniale.