Sarah Vitale : Lycées en transition, l’association des jeunes écolos au lycée

Étudiante en sciences humaines au Québec, Sarah Vitale a 18 ans. Durant sa scolarité au lycée international de Colomiers (en Haute-Garonne), elle a été éco-déléguée et a fait partie du conseil d’administration de l’association Lycées en transition. Imaginée pour et par les jeunes, dans le lycée Berthelot à Toulouse, ce mouvement est aujourd’hui une association fédérant des lycéens sur tout le territoire français. Sarah Vitale revient pour nous sur son engagement.

Lycées en transition, c’est quoi exactement ?

C’est une association qui, à l’époque, était encore à l’état de réseau, et qui a pour but de fédérer tous les lycéens de France, et même maintenant de certains autres pays. On a des partenariats avec des lycées en Afrique du Nord, et on aimerait développer ça aussi en Espagne et d’autres pays frontaliers. Pour l’instant, on reste sur des lycées français à l’étranger, puisque c’est le même type de programme scolaire et c’est donc plus simple.

Le but est de les accompagner dans leurs projets écologiques, de leur donner les outils, et les idées pour mener à bien ces projets. Tout ça dans la sphère du lycée où il est parfois compliqué de faire de la place à l’écologie. La parole commence à se libérer justement avec les éco-délégués, mais parfois on manque de budget, ou bien le personnel qui nous accompagne n’est pas aussi enthousiaste que nous ou alors, on peut aussi manquer d’élèves pour certaines tâches.

Vous pouvez nous expliquer le rôle d’un éco-délégué ?

C’est quelqu’un qui a été élu par sa classe, et idéalement qui a la possibilité de faire des choses dans le lycée. Qui n’est donc pas bloqué par l’administration ou les finances. Dans notre lycée, on a réussi à avoir une place importante et à mener des projets, mais aussi à être relayés dans des journaux locaux comme La Dépêche. Et puis, sur le site de Lycées en transition, on a détaillé nos projets pour donner des clés d’action aux autres lycéens.

Quel genre d’action vous avez pu mettre en place dans votre établissement ?

Je venais juste de rejoindre l’association, j’étais en première, on a fait une collecte pour envoyer des vêtements au Burkina Faso, par le biais d’une personne qui avait la possibilité d’avoir un conteneur. La collecte a duré une semaine, puis on a on a trié tous les vêtements. C’était l’occasion aussi d’en donner une partie à certains lycéens qui en avaient besoin, en organisant une friperie gratuite. Il y a aussi eu un projet de potager d’herbes aromatiques. Mais surtout, on a renforcé le système d’éco-délégués dans notre lycée pour qu’ils puissent agir.

Quelle place a la crise environnementale dans les programmes scolaires aujourd’hui ?

Petit à petit, l’écologie a été ajoutée aux programmes et ce dès le plus jeune âge. En primaire déjà on commençait à en entendre parler. Au collège, encore plus, souvent en SVT, parfois en histoire. Et au lycée, c’est surtout dans les options de spécialités que ça se passe. De toute façon, ce sont des sujets d’actualité donc c’est important d’en parler. D’autant plus que ça prend une grande place dans nos parcours : on ne peut plus penser notre avenir professionnel sans inclure l’écologie.

Faire partie de Lycées en transition, est-ce pour vous une façon de porter la parole des jeunes ?

Oui, parce que ça nous permet de sensibiliser les autres lycéens. Ils ne connaissent pas forcément l’écologie et ne sont donc pas tous alertés sur la cause du climat. Et ça nous permet aussi d’avoir une vraie image pour l’administration, pour qu’il y ait un vrai projet écologique dans les lycées. Nous ne sommes pas juste des jeunes qui se battent pour le climat, mais des jeunes qui ont été élus pour cela. Ça nous donne un peu plus de force pour mener nos projets.

La parole des jeunes est-elle entendue sur le climat ?

Je dirais qu’elle commence à l’être de plus en plus. C’est notamment grâce aux actions de Greta Thunberg. Ça a permis de montrer que les jeunes pouvaient et savaient faire des choses. Mais c’est vrai que jusqu’à présent, ils étaient écoutés sans vraiment être entendus. Par exemple, en 2022, j’ai participé à une table ronde pour Lycées en transition à l’UNESCO (l’Organisation des Nations unies pour l’éducation). J’étais la seule jeune à intervenir, on m’a posé beaucoup de questions sur la jeunesse. Et c’est vrai que, jusqu’à présent, on n’avait pas assez de place, que ce soit au lycée ou au quotidien. Les jeunes sont souvent brimés justement parce qu’ils sont jeunes.

Êtes-vous toujours engagée au sein de Lycée en transition aujourd’hui ?

Pas officiellement. Le conseil d’administration est tournant, ce sont les lycéens qui restent au pouvoir dans l’association. Donc j’ai laissé ma place, mais je reste liée à l’association pour aider dans certains projets.

Après mon intervention à l’UNESCO, plusieurs professeurs m’ont contactée sur les réseaux. Ils m’ont proposé de venir dans leur lycée, dans leur collège, pour parler avec leurs élèves. Une professeure, par exemple, m’a confié qu’elle avait besoin d’un coup de main pour mettre en place des éco-délégués et donner envie à ses élèves de se battre pour l’écologie. Mais ça ne s’est pas fait pour le moment, notamment parce que je suis partie étudier au Québec. Je pense qu’en revenant en France, c’est quelque chose qui me plairait bien.