En 2020, Simon Bernard embarquera, avec trois de ses compères et collègues, pour un voyage de trois ans, à bord d’un bateau propulsé grâce aux déchets plastiques. Le but de l’expédition Plastic Odyssey : démontrer qu’il existe des solutions pour lutter contre la pollution plastique, en particulier contre les déchets qui finissent dans l’océan. Plastic Odyssey veut développer et diffuser des technologies peu coûteuses et en open source (les plans des machines seront accessibles par tous), permettant d’améliorer le recyclage du plastique et/ou de le transformer en essence et en diesel.
Comment est né Plastic Odyssey ?
Simon Bernard : A l’origine, je suis officier de la marine marchande. J’ai participé au projet Nomade des mers, qui visait justement à rendre accessible des low-tech [des technologies simples, peu onéreuses, facilement réparables et à l’impact environnemental faible], dans une démarche open source. Lors de cette expédition, nous avons fait étape à Dakar. Il y avait du plastique partout. Et beaucoup de Sénégalais qui cherchaient des petits boulots. C’est de ces deux constats qu’est née l’idée Plastic Odyssey, avec l’objectif de montrer que le plastique peut avoir de la valeur en tant que ressource et qu’il est possible de développer des technologies peu coûteuses, pour l’exploiter à l’échelle locale.
Cette idée, vous allez la diffuser aux quatre coins du monde durant trois ans, en voyageant à bord d’un bateau carburant au plastique. A quoi ressemblera ce laboratoire à voile ?
S.B. : Nous sommes en train de le construire. Il s’agit d’un catamaran de 25 mètres de long. Il ne permettra pas de récupérer les déchets en mer. A chacune de nos étapes, nous ramasserons du plastique sur place. Ensuite, sur le bateau, nous le trierons : déchets recyclables d’un côté, déchets non recyclables de l’autre. Nous disposerons à bord, d’une machine nous permettant de recycler le plastique et d’en faire par exemple des planches de plastique. Les déchets non recyclables seront quant à eux transformés en carburant, qui sera utilisé pour propulser le bateau, en plus des voiles.
Comment transforme-t-on du plastique en carburant ?
S.B. : Cette technique s’appelle la pyrolyse. Elle permet de transformer le plastique en essence et en diesel sous l’action de la chaleur. Il ne s’agit pas de combustion. L’avantage est que ce processus est auto-suffisant en énergie. Avec un kilo de plastique, on peut produire jusqu’à un litre de carburant.
Ce carburant a-t-il un bilan carbone plus vertueux que le carburant directement issu des énergies fossiles ?
S.B. : Le carburant est obtenu à partir de déchets plastiques non recyclables. On évite donc que ces déchets ne finissent, au mieux, dans une décharge ou dans les océans. Ensuite, en utilisant ce carburant pour alimenter les petits bateaux de pêche, les mobylettes, ou les générateurs fonctionnant au diesel, largement utilisé dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, où l’on trouve actuellement la plus grande pollution plastique, on réduit l’importation de carburant et les émissions de Co2 liées à son extraction, à son raffinage et à son transport. 20 % des émissions de Co2 liées au carburant peuvent ainsi être éliminées.
Comment envisagez-vous la suite de votre expédition ?
S.B. : Nous sommes en train de mettre au point trois machines, peu coûteuses, faciles d’utilisation et en open source : un capteur de tri pour identifier les plastiques recyclables, une extrudeuse permettant d’obtenir des produits transformés comme des planches ou des dalles à partir de plastique recyclé et une unité permettant de transformer le plastique en carburant. Au cours de notre expédition, nous allons présenter ces technologies, les expérimenter. Une fois l’expédition achevée, nous réfléchissons à la façon de les commercialiser. Les rendre disponible en open source n’est pas suffisant. Les gens n’ont pas nécessairement les moyens ou les compétences pour construire ces machines eux-mêmes. L’idée serait peut-être de trouver des partenaires sur place. On réfléchit aussi à lancer une fondation pour ne pas apporter seulement une solution technique mais plutôt des packs comprenant également des solutions financières comme le micro-crédit et de formation.
Comment garantir que les solutions que vous proposez correspondront effectivement à des problématiques locales ?
S.B. : Nous avons tous les quatre un parcours d’ingénieur et avons donc des profils très techniques, c’est vrai. Mais notre volonté est d’avoir une approche plus près des sciences humaines : arriver avec des briques technologiques et apprendre et comprendre la situation sur place, qui peut énormément varier d’un pays à l’autre, pour proposer des solutions adéquates. On ne parlera par exemple peut-être pas de la même manière de notre projet à Dakar, où selon une croyance locale, les déchets constituent un bon engrais et sont donc enterrés pour fertiliser les champs, qu’en Asie, où le plastique est synonyme de progrès et d’hygiène et où il est donc compliqué d’arriver en expliquant que le plastique est sale et pollue. Cet aspect humain et culturel est également un vrai défi.
Vous souhaitez également travailler en amont, pour réduire la production de plastique.
S.B. : Avant même de vouloir recycler ou réutiliser le plastique, il faudrait en produire moins. Nous sommes partenaires d’un certain nombre de grandes entreprises, comme Clarins, ou le Crédit Agricole. Nous voulons les pousser à produire moins de plastique. Sur le bateau, nous avons aussi le projet de créer une zone sans plastique pour présenter les différentes alternatives à son utilisation.
Quelle croyance locale pour les sachets à Dakar ‘les déchets constituent un bon engrais et sont donc enterrés pour fertiliser les champs’ et en Asie ‘progrès et d’hygiène’. Peut-être qu’ils doivent en avoir aussi dans d’autres pays d’Afrique Subsaharienne !
Une très belle initiative qui : va contribuer à la réduction de la pollution (Co²) des plastiques ; facilitera l’infiltration de l’eau dans les sols agricoles des pays tropicaux ; réduira la mort des mammifères marins qui consomment les plastiques………….………….et créatrice de nouveaux emplois dans les pays en voie de développement ……………Bon courage et bonne continuation à Simon BERNARD, Alexandre DECHELOTTE, Benjamin DE MOLLIENS et Bob VRIGNAUD.
Merci pour votre commentaire Séverin.