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L’antispécisme ou la révolution des animaux

Ce courant philosophique date des années 70 et gagne en popularité.

L'oeil d'un cheval. Crédit : Pickpik

Paru le 30 avril 2024

Ecrit par Elsa de Mon Quotidien Autrement

Les animaux seraient-ils en passe de devenir des sujets politiques comme les autres ? En 2016 déjà, Jean-Luc Mélenchon fustigeait les fermes géantes, qui « se constituent au prix d’un martyre de la population animale qui prépare et endurcit tous les cœurs à l’abomination ». La même année, le parti animaliste était créé. 2016 toujours, le député Aymeric Caron (La France insoumise) publiait Antispéciste. Réconcilier l’humain, l’animal, la nature. Depuis, la lutte pour les droits des animaux prend de l’ampleur. Elle rejoint un courant qui a une longue histoire : l’antispécisme.

Il est né dans les années 1970, sous la plume d’un philosophe australien, Peter Singer. C’est lui qui a théorisé l’antispécisme dans son livre Libération animale, soit « le fait d’accorder une considération égale aux intérêts des humains et aux intérêts des animaux non humains », comme il l’expliquait récemment au Point. En deux mots, pourquoi la souffrance d’un chien vaudrait moins que la nôtre ? Au cœur de l’antispécisme se trouve la notion de sentience. Le mot est entré dans le dictionnaire récemment, et désigne « pour un être vivant, la capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc., et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie ». Difficile d’en douter lorsqu’on sait que les éléphants enterrent leurs bébés morts par exemple.

Les animaux, une « classe de travailleurs oubliés »

Une fois encore, la lutte animale est loin d’être nouvelle. Voici ce que disait la révolutionnaire Louise Michel par exemple. “Depuis la grenouille que les paysans coupent en deux, laissant se traîner au soleil la moitié supérieure, les yeux horriblement sortis, les bras tremblants cherchant à s’enfouir sous la terre, jusqu’à l’oie dont on cloue les pattes, jusqu’au cheval qu’on fait épuiser par les sangsues ou fouiller par les cornes des taureaux, la bête subit, lamentable, le supplice infligé par l’homme.» Le socialiste Charles Gide, lui, parlait des animaux comme d’une « classe de travailleurs oubliés » à la fin du XIXe. On peut citer aussi Élisée Reclus, géographe anarchiste et végétarien convaincu. La dimension politique de la lutte pour la libération des animaux a été l’objet de plusieurs ouvrages, dont l’anthologie Causes animales, luttes sociales (Le Passager clandestin, 2021).

Si l’on vous cite ces auteurs, c’est qu’antispécisme et lutte des classes ont une histoire commune. Prendre soin des animaux, ce n’est pas de la « sensiblerie », du sentimentalisme (même si… pourquoi pas ?). Et si les animaux étaient des minorités comme les autres, et qu’il fallait nous allier avec eux ? Comme le disait à son chien Séverine, journaliste pour le premier quotidien féministe au monde (La Fronde) au début du XXe siècle : « Parce que je ne suis “qu’une” femme, parce que tu n’es “qu’un” chien […], le sentiment de notre mutuelle minorité a créé entre nous plus de solidarité encore, une compréhension davantage parfaite. »

 


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