Il est le premier boulanger solaire d’Europe. Arnaud Crétot, trentenaire, arrive à cuire (et livrer) ses fournées de pains sans dépenser un centime d’électricité. Son mégafour solaire fonctionne grâce à des panneaux photovoltaïques, le tout, à Montville, en Normandie. En deux mots : les rayons du soleil sont réfléchis par 57 miroirs répartis sur 11 m2 qui les concentrent plus de cent fois. Résultat : une puissance thermique de plus de 5 kilowatts qui permet d’atteindre facilement des températures de cuisson jusqu’à 300°C. Sans moteur, sans combustible, sans batterie polluante et sans électronique.
Alors bien sûr, s’il fait gris toute la journée, et ce sur plusieurs jours, le boulanger utilise un four à bois. Mais c’est très rare : quelques heures d’ensoleillement suffisent pour cuire une fournée, grâce à l’inertie du four ! Et à la différence des autres boulangers, cet artisan doit déplacer régulièrement son four suivant la position du soleil. Objet low tech par excellence, le four solaire implique de repenser sa production. Il faut s’adapter à la météo, et plutôt se lancer dans des pains au levain, qui se conservent plus longtemps. Car le boulanger se contente d’une fournée (livrée à vélo) par semaine.
Des graines torréfiées au soleil
Ingénieur de formation – il a étudié à Polytech à Nantes – Arnaud s’intéresse aux solutions énergétiques depuis des années. Dès 2009, encore étudiant, il a cofondé l’association Les vagabond.es de l’énergie – qui existe toujours : le but est de sillonner le monde à la recherche de nouveaux moyens de production d’énergie et de ramener ces innovations en France. Quelques années plus tard, il a travaillé, en Inde, pour une entreprise qui développe des concentrateurs solaires et qui fournit plusieurs boulangeries solaires au Kenya, en Tanzanie et Ouganda. Et s’il faisait de même en Normandie ?
Non seulement cela marche, mais en plus Arnaud Crétot ne se contente pas de cuire du pain. Il torréfie également des graines locales. Pour l’apéro : des graines torréfiées au vinaigre de cidre normand et à la levure de bière. Pour les sportifs : graines torréfiées avec du miel. Pour le matin : une boisson à base d’orge et de lentilles torréfiés. Bref, il propose toutes sortes de produits torréfiés au soleil normand.
Le mot de la fin lui revient :
Quand on cherche comment agir, peut-être que la question à se poser est celle-ci : » Que puis-je construire, comme organisation, savoir-faire, outils qui fonctionneront encore dans 1 000 ans ? » On pensera alors autrement nos méthodes d’agriculture, de commerce, d’artisanat et d’industrie.
Merveilleuse initiative que les gouvernements devraient encourager dans tous les secteurs .
Félicitations à Arnaud pour sa compétence à matérialiser tant de créativité pour améliorer le bien-être humain .