Mi-septembre, la déforestation importée et la pêche en eaux profondes étaient à l’agenda du Parlement européen et de la Commission européenne. On vous explique un peu plus en détail la façon dont celles-ci vont être encadrées.
Lutte contre la déforestation importée
À une large majorité (453 voix pour, 57 contre, 123 abstentions), le Parlement européen a adopté le 13 septembre un texte visant à interdire dans l’Union européenne tous les produits qui n’auront pas apporté la preuve qu’ils n’ont pas contribué à la déforestation.
Concrètement, toutes les entreprises important ces produits sur le sol européen devront démontrer aux autorités douanières que ceux-ci ne sont pas issus de territoires ayant été déboisés après le 31 décembre 2019. Un système d’images géolocalisées par satellite faisant preuve. Cette norme aura un impact mondial. L’Union européenne est en effet le deuxième importateur mondial de la déforestation, derrière la Chine, selon l’ONG WWF.
La position adoptée par le Parlement renforce la proposition de la Commission européenne de novembre 2021 sur plusieurs aspects. La liste des produits visés par la législation s’est élargie : outre le bœuf, le bois, l’huile de palme, le soja, le café et le cacao, seraient également concernés le maïs, le caoutchouc, la viande de porc et de mouton, la volaille, le papier ou le charbon de bois.
« Ce vote est un oui clair : un oui à la protection des forêts, des savanes et des droits des peuples autochtones, et un oui aux appels des citoyens de l’UE qui ne veulent pas alimenter la destruction de la nature par leur consommation », s’est réjoui Anke Schulmeister-Oldenhove, spécialiste des forêts au sein du bureau européen de WWF. Le texte doit encore faire l’objet d’un accord avec le Conseil européen et la Commission européenne, en vue d’une entrée en vigueur en 2024.
Lutte contre la pêche en eaux profondes
De son côté, la Commission européenne a annoncé le 15 septembre la fermeture d’une partie de l’Atlantique à tous les engins de pêche entrant en contact avec les fonds marins au-delà de 400 mètres, afin de protéger les écosystèmes marins vulnérables. Cela représente 16 000 km² et 1,16 % des eaux communautaires dans l’Atlantique du Nord-Est. Cette décision a été saluée par des ONG qui réclament une telle mesure de longue date, comme Bloom.
« Victoire ! », s’est exclamée sur Twitter Claire Nouvian, la fondatrice de cette association qui milite pour la protection des océans. « Les écosystèmes remarquables au-delà de 400 mètres de profondeur vont enfin pouvoir souffler et cesser de se faire broyer par des énormes engins industriels qui pulvérisent des coraux millénaires, des éponges et des requins centenaires, de fragiles poulpes à oreilles et des myriades d’espèces extraordinaires qui sont les victimes collatérales depuis plus de 30 ans de l’insatiable cupidité des navires industriels », a-t-elle déclaré.
Après l’interdiction du chalutage de fond en dessous de 800 mètres introduite en 2016, ces fermetures offrent une protection supplémentaire pour aider à restaurer les écosystèmes marins vulnérables tels que les récifs coralliens des eaux froides, les monts sous-marins et les failles en eaux profondes, détaille la Commission européenne. L’acte d’exécution entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l’Union européenne et sera immédiatement applicable à tous les navires des États membres de l’UE et des pays tiers opérant dans les eaux de l’UE. Les ONG attendent désormais que la pratique du chalutage en eaux profondes soit également interdite dans les aires marines dites protégées.