Elle est délicate, elle est romantique, l’indémodable cadeau de la fête des amoureux. Une large part des 600 millions de roses vendues chaque année en France s’écoule le 14 février. Et ce nombre augmente d’année en année.
Peut-être imaginez-vous ces fleurs pousser dans une roseraie, laissant libre cours aux imprévus de la nature. Il n’en est rien. La rose coupée n’a rien de champêtre, c’est une industrie mondiale.
Vos roses viennent probablement du Kenya
La rose voyage plutôt bien et est résistante dans le temps (11 à 17 jours pour les variétés les plus tenaces). Si bien qu’une grande partie de ces fleurs provient d’Afrique, du Kenya en particulier. Environ 75 000 tonnes de roses sont produites chaque année dans ce pays d’Afrique de l’Est. La main d’œuvre y est peu chère, l’ensoleillement parfait et les réglementations environnementales plus souples qu’en Europe.
Sur les rives du lac Naivasha, où se concentre le tiers de la production kényane, hippopotames et flamands roses ont désormais vue sur un champ de serres ultra-modernes, bâties pour protéger les précieuses fleurs de la pluie, de la grêle, ou d’un soleil trop fort, en maintenant la serre à une température optimale (entre 19 et 22°C). Le but : offrir à ces rosiers les conditions idéales pour fleurir six à sept fois par an. Pour cela, en plus des conditions climatiques naturelles favorables, une agriculture de précision est nécessaire. L’eau est décantée, ionisée afin de détruire les bactéries, son pH est ajusté, elle est enrichie d’engrais avant d’être administrée, par irrigation, au goutte à goutte, ou presque.
La rosiculture a permis, c’est vrai, à cette région, et au pays, de se développer économiquement. Cependant, les conséquences environnementales ne sont pas des moindres : à de nombreuses reprises, l’abaissement du niveau de l’eau du lac et sa pollution due au rejet d’intrants ont été dénoncés. Les producteurs font aujourd’hui des efforts mais le problème est loin d’être réglé.
Le bilan carbone déplorable des roses hollandaises
Le commerce de roses n’a pas toujours été ainsi mondialisé. Les fleurs vendues en Europe provenaient autrefois majoritairement de Hollande, producteur historique de tulipes. A partir des années 1970, le coût de l’énergie pour chauffer les serres est devenu trop important, la main d’œuvre trop chère et les réglementations trop contraignantes. Une partie de la production a alors migré vers des contrées plus propices à la floraison en plein mois de février. Aujourd’hui, 60 % des roses vendues au Pays-Bas, à des fleuristes français et européens, proviennent d’Afrique ou d’Amérique du Sud.
Certains producteurs continuent néanmoins à cultiver leurs roses en Hollande. La recette du succès relève alors de la culture de pointe : serres chauffées toute l’année à un peu plus de 20°C, vaporisation de Co2, contrôle du niveau d’UV, traitements chimiques précis… Une fois coupées, les fleurs sont passées au scanner, pour évaluer la taille des boutons, la longueur des tiges, l’ouverture de la fleur, sa couleur, afin de pouvoir confectionner des bouquets de fleurs identiques.
Et selon un rapport publié en 2007 par l’Université de Cranfield, même en incluant le transport aérien, une fleur kényane émettrait six fois mois de CO2 qu’une fleur néerlandaise, ayant poussé sous serre.
Préférez les fleurs locales et de saison
A défaut de pouvoir choisir entre fleur du bout du monde et produit d’une horticulture technologique et chimique, reste l’alternative : faire une croix sur les roses pour la Saint-Valentin et préférer des fleurs locales et de saison. De plus en plus de fleuristes s’y mettent. Nous vous avions par exemple parlé de Fleurs d’ici, en région parisienne. Pour vous aider à les choisir, vous pouvez notamment vous reporter à ce calendrier de floraison. Pour les roses, il faudra attendre quelques mois. La période de floraison varie selon les variétés, mais elle s’étale globalement de mai à octobre.
Merci pour cet article et aussi pour l’introduction de la newsletter qui m’a fait grandement plaisir : l’initiative de ce jeune homme est formidable, bravo à lui ! En espérant que l’année prochaine, le vote soit 100% pour les fleurs de saison…
Les personnes qui font remarquer ce genre d’inepties (achat de rose provenant du bout de monde et fleurs hors saison), passent pour des rabats joie… Espérons que les mentalités changent rapidement, rien que d’un point de vue écologique !