En 2050, les énergies renouvelables pourraient représenter 96 % de la consommation énergétique de la France. C’est le résultat du scénario prospectif 2022 de l’association négaWatt. Des énergies éoliennes, photovoltaïques, issues de la biomasse, du biogaz et quasiment plus d’énergie fossile, ni d’énergie nucléaire. Au total, l’ONG prévoit un triplement du recours aux énergies renouvelables.
Alors, un monde 100 % renouvelable serait-il finalement possible ? Avant d’affirmer cela, il faut prendre quelques précautions. Car le scénario de négaWatt n’implique pas uniquement une utilisation accrue du renouvelable. Il nécessite que la consommation d’énergie soit divisée par trois à l’horizon 2050. Cela demande une plus grande efficacité (des bâtiments, des appareils, des véhicules) et surtout une plus grande sobriété.
À chaque énergie, son inconvénient
Ensuite, parce que, comme le rappelle Jean-Marc Jancovici, dans la BD Le Monde sans fin -dont on vous parle ICI– « il faut sortir de l’idée que ‘renouvelable’ ça veut dire sans défaut […] Avec 8 milliards [d’habitants] sur terre, avec l’énergie qu’on utilise, il faut choisir son inconvénient ». Il rappelle les éléments suivants :
- L’hydroélectricité noie des surfaces parfois considérables et perturbe les écosystèmes fluviaux.
- Le solaire artificialise des surfaces importantes. (La France prévoit de remplacer des champs agricoles et de la forêt par des panneaux solaires sur une superficie équivalente à trois fois la ville de Paris). Il réclame, pour sa construction, beaucoup de métal (notamment du cuivre) et des terres rares (comme l’indium ou le sélénium), dont l’extraction est loin d’être écologique.
- L’éolien demande beaucoup d’espace, dégrade les sols agricoles et gêne la vie de certains citoyens et de certaines espèces comme les chauves-souris. Beaucoup de métal et des terres rares sont également nécessaires.
- Le recours à la biomasse se fait au détriment des écosystèmes. La biomasse, c’est du bois qu’on brûle.
Les énergies vertes, une illusion ?
Le journaliste Guillaume Pitron rappelle également que si les énergies renouvelables n’émettent pas de Co2 au moment de leur utilisation, leur fabrication et leur recyclage entraînent de la pollution et des émissions de Co2. Il parle de « l’illusion » des énergies vertes, car ces émissions ne sont générées ni au moment ni à l’endroit où ces énergies sont produites.
Le recours aux énergies renouvelables, même les plus efficaces, « ne permettra pas de garder une société d’abondance complexe, avec son système de santé, sa culture, telle que nous la connaissons », affirme Jancovici.
Pour mieux comprendre le fonctionnement des énergies renouvelables, nous vous proposons de regarder cet extrait (p. 132) de la BD Le Monde sans fin, de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici. Chaque source d’énergie est évaluée selon quatre critères :
- pilotable ou non, c’est-à-dire sa capacité à produire de l’énergie à la demande ou s’il est nécessaire que certaines conditions extérieures soient réunies pour qu’il y ait production (soleil, vent …) ;
- la quantité de CO2 émise par kwh
- le facteur de charge, c’est-à-dire la capacité d’une installation productrice d’énergie de produire au maximum de ses capacités. Par exemple, à la fin d’une année, une centrale à charbon aura généralement produit comme si elle tournait en permanence à la moitié de sa puissance maximale. Son facteur de charge est alors de 50 %.
- sa durée de vie