Depuis 2011, la France possède un Plan d’adaptation au changement climatique. Sa troisième version sera rendue publique fin janvier. Le but est d’être mieux préparé. Et d’éviter par exemple le cauchemar des habitants du Pas-de-Calais, avec ces inondations exceptionnelles en série. Ou des épisodes de sécheresses tels qu’ils obligent des agriculteurs à quitter leurs terres.
Lors de la mise en consultation publique il y a quelques mois, cette version a fait le buzz. Pourquoi ? Parce qu’elle se fonde sur un scénario à + 4 degrés en France en 2100, choquant de nombreux élus et personnalités politiques et économiques. Pourtant, cela n’a rien de pessimiste : « C’est simplement regarder la réalité en face », a rappelé Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, lors d’un colloque sur ce sujet le 14 décembre.
« Ne pas vouloir s’adapter, c’est être dans un déni climatique », a-t-il ajouté. Car même si tous les États baissent drastiquement leurs émissions d’ici à 2030 pour tenir l’objectif de +1,5°C à la fin du siècle, la durée de vie du CO2 dans l’atmosphère nous oblige à préparer nos sociétés, entreprises et institutions à une France où le climat sera moins agréable.
Gérer l’inévitable
Le sujet, aussi important soit-il, reste encore méconnu. Pour agir face au changement climatique, le GIEC propose deux types de mesures. L’atténuation vise à réduire l’impact du changement climatique en limitant nos émissions de gaz à effet de serre. L’adaptation vise à adapter nos sociétés aux effets déjà présents ou prévus pour modérer les dommages.
Dit autrement : l’atténuation, c’est éviter l’ingérable. L’adaptation, c’est gérer l’inévitable. Dans le cas du Pas-de-Calais, replanter des haies qui permettent de capter du CO2, serait une mesure d’atténuation ; définir de nouvelles zones inondables en amont, une mesure d’adaptation.
Le Plan national d’adaptation au changement climatique comportera 4 axes : protéger les Français, adapter les territoires, favoriser la résilience de l’économie et préserver les écosystèmes. « L’adaptation c’est quasiment une politique régalienne », a souligné le ministre. Car le chantier est énorme ! Il vise non seulement tous les pans de la société, tous les secteurs économiques, tous les territoires, mais nécessite en plus de repenser les imaginaires, les règles et les modèles.
Visualiser les impacts sur sa commune
50 mesures sont prévues. Elles devraient être annoncées prochainement. Christophe Béchu a déjà dévoilé le 14 décembre l’une des plus remarquables : l’ensemble des services et outils de Météo France a intégré le scénario à +4°C dans ses modélisations. Chacun et chacune d’entre nous peut visualiser sur sa commune les impacts du changement climatique.
Et surtout, cette modélisation ultra-locale permettra, espère Christophe Béchu, d’accélérer la formation des élus locaux et d’engager le débat. De nombreux autres chantiers sont déjà annoncés. Il faudra notamment repenser toutes nos règles d’assurances.