Alors que la France est secouée par une lutte autour des mégabassines, ces énormes retenues d’eau bâchées servant à irriguer les grandes cultures, on avait envie de détourner le regard. D’aller voir comment les pays habitués aux fortes sécheresses se débrouillaient. On vous amène en Tanzanie. Point de giga piscines là-bas mais des « bunds » (ou « diguettes », traduit de l’anglais). Soit des cavités creusées dans la terre à la main. En forme de demi-lunes, on les appelle les « sourires de la terre». Elles se gorgent d’eau et permettent aux graines de pousser, à la terre de se refroidir et au territoire de se reverdir. « On a créé 20 000 bunds», assure Dennis Lemilya, de la Lead Foundation, sur le site de JustdiggIt. Cette dernière est une ONG hollandaise, qui soutient le projet et apporte son aide aux agriculteurs tanzaniens et kényans qui y adhèrent.
« Les écosystèmes peuvent se réparer d’eux-mêmes »
L’occasion de donner un exemple de ces fameuses « solutions fondées sur la nature» (ou nature based solutions) dont parlent l’Union internationale pour la conservation de la nature, le Giec, ou d’autres organismes internationaux. Pour nous adapter au réchauffement, prendre soin des écosystèmes et les restaurer est primordial. « Ce sont des méthodes qui partent du postulat que les écosystèmes peuvent se réparer eux-mêmes de façon exclusivement naturelle et biologique », résume Maxime Blondeau, cocréateur de l’écosyndicat Printemps écologique, et de la coopérative Sailcoop, dans un post. « En seulement un an, c’est merveilleux de voir ce paysage passer d’une terre dégradée à une savane naissante. »
Plus concrètement, les bunds sont des trous creusés à la main d’à peu près 5 mètres sur 2 et des petits bourrelés en terre créés dans lesquels on place des graines. Le sourire est dirigé vers la pente potentielle du sol, afin que l’eau de pluie qui coule soit arrêtée et s’accumule dans le croissant. Les résultats sont bluffants.
Il ne s’agit pas d’une idée nouvelle ! Ni cantonnée à l’Afrique. En Irlande du Nord aussi, on mise sur les bunds dans le but de restaurer les tourbières. Ces zones humides, super filtrantes, sont cruciales pour la qualité de l’eau potable du pays, en plus d’être des stockeuses de CO2.