Elle couvre 40 % du Massif central et héberge un quart de sa biodiversité. Au cœur de l’Auvergne, se trouve un refuge de biodiversité insoupçonné : la plus grande prairie d’Europe. Plutôt devrait-on dire LES plus grandes prairies d’Europe, car on dénombre en Auvergne 80 types de prairies, autant de pelouses et une vingtaine de types de landes.
Prairies humides dans les plaines alluviales de la Loire ou de l’Allier, landes sèches ou paratourbeuses à éricacées sur le plateau de Millevaches, nardaies d’altitude sur les plateaux et montagnes de Margeride, du Cantal ou de Lozère, prés maigres de fauche sur l’Aubrac… Ces écosystèmes se sont constitués en fonction de la géologie des lieux (roches cristallines, volcaniques, calcaires…), de leur géomorphologie (causses, hautes montagnes, reliefs encaissés…), leur climat (influences méridionales, océaniques ou continentales) mais aussi en fonction des pratiques agricoles.
Et à chaque type de prairies, ses espèces. Dactylorhize tacheté, Scorsonère humble, Reine des prés préféreront les milieux humides quand d’autres comme Petite Pimprenelle, Saxifrage granulée, Knautie des champs se développeront plutôt dans les milieux plus secs.
« Les prairies fleuries sont aussi le socle de la biodiversité animale », rappelle Michel Jabrin, en charge de la mission agriculture pour le Parc naturel régional du Pilat, dans La Montagne. Dans le Massif central, beaucoup d’insectes en dépendent, à l’instar du damier de la succise, un papillon dont le cycle de vie dépend de cette plante que l’on trouve dans les prairies de fauche d’altitude.
Un paysage façonné par l’homme
Paradoxalement, et contrairement aux autres massifs français où la transhumance se fait sur des prairies spontanées, en Auvergne, ce paysage prairial a été façonné par l’homme.
À la fin de l’Antiquité, est apparue la nécessité de libérer des terres autour des exploitations de basse altitude pour y produire le fourrage nécessaire en hiver. Les parcelles situées au-delà de 900 mètres ont ainsi été déboisées pour y accueillir les bêtes à l’estive, de mi-mai à début novembre.
« Pour nourrir ses bêtes, l’éleveur maintient un état herbacé transitoire entre le sol nu et la forêt », explique Pascal Carrère, directeur de recherche sur l’écosystème prairial à l’INRA, toujours dans La Montagne. En défrichant la forêt au cours des millénaires précédents, et en pratiquant une agriculture extensive et diversifiée (fenaison, pâturage ovin, caprin, bovin…), l’homme a contribué à la diversité génétique de ce milieu.
L’écosystème du Massif central menacé
Mais si les prairies ont bénéficié de l’agriculture extensive, elles souffrent aujourd’hui de l’intensification des pratiques agricoles. La transformation des prairies permanentes en prairies temporaires et l’augmentation des niveaux de fertilité du sol, via l’utilisation d’engrais, nuisent aux écosystèmes. Car une fertilisation accrue, favorise les plantes banales et « gourmandes » au détriment d’une flore plus discrète et « frugale ».
Une perte massive de diversité végétale a été remarquée. On estime que plus de 400 espèces de plantes des milieux herbacés ouverts (ou prairies) seraient menacées ou quasi menacées de disparition sur le Massif central. La raréfaction de plantes prairiales à fleurs tel que le narcisse des poètes est une conséquente directe, et visible.
C’est pourtant cette diversité qui est à l’origine des productions fromagères et animales de qualité bénéficiant pour la plupart d’une appellation d’origine protégée, sur le territoire.
Trop bien cela donne envie d’aller passer qq vacances loin des côtes surchargées ;+))
Intéressant, dommage de faire de la pub pour les vélos électriques !
Merci pour cet excellent article ! rares sont ceux qui parlent des dangers de l’agriculture moderne en dehors des grandes cultures et de l’arboriculture avec leur cortège de pesticides.
Pourtant depuis le début des années 90, on engraisse les prairies avec des engrais chimiques qui perturbent la flore et la faune des sols, pire, on laboure les prairies pour semer des espèces fourragères plus rentables (en fait à long terme pas du tout) et ce faisant, on libère le carbone stocké dans la matière organique des sols et on banalise la flore prairiale. Sans compter que les sols retiennent moins l’eau et sont plus facilement érodés lors des pluies d’orage.
Pire encore, on amène dans les prairies des vaches vermifugées dont les excréments sont pleins d’insecticides rémanents dans le sol. Et les fleurs absorbent ses pesticides et les transmettent aux abeilles et autres butineurs qui meurent, s’ils ne sont pas déjà morts du retournement des prairies qui détruit leur nid …
Tout cela est valable dans toutes les montagnes de France, même si les volcans avec leurs sols basaltiques et leurs versants en pente douce ont constitué les plus beaux, les plus diversifiés des pâturages de France.
Continuez à diffuser ces informations !!! merci !!!