« Ici, l’avenir prend racine naturellement ». La devise qui s’affiche – en vert bien sûr – lorsqu’on se balade sur le site de Muttersholtz résume bien l’état d’esprit qui règne dans cette petite commune alsacienne de 2.026 habitants. Le verdissement de la bourgade avait commencé bien avant l’élection du maire Patrick Barbier, avec la création, dès les années 1970, de la Maison de la Nature : de quoi sensibiliser plusieurs générations aux questions d’environnement. Mais son maire, Patrick Barbier, lunettes rondes et cheveux poivre et sel, à la tête de la ville depuis douze ans, a indéniablement impulsé une vivifiante politique de transition écologique, qui a même valu à la ville d’être médaillée « capitale française de la biodiversité » en 2017.
Côté biodiversité, les projets développés par le maire – encarté chez les Verts, il s’est toutefois présenté au suffrage sans étiquette – sont légion : des cours d’eau ont été renaturés pour permettre le retour d’une faune et d’une flore plus diversifiée comme l’agrion de mercure, une espèce assez rare de libellule; des travaux ont été menés pour créer de nouvelles mares; un étang de pêche renaturé lui aussi; de nouvelles haies ou de nouvelles prairies écologiques; les terres agricoles sont allouées en priorité aux agriculteurs en bio… Même l’école entend bien devenir une « éco-école » : les enfants se lancent dans des plantations, des constructions de nichoirs à oiseaux, d’hôtels à insectes, des ateliers de pressage de pommes dans l’« atelier fruits et miel », un centre de pressage dont le toit est entièrement recouvert de cellules photovoltaïques. Des actions en faveur de la biodiversité d’autant plus importantes qu’elle a été abimée par une gestion intensive des prairies — fauche précoce, fertilisation — et des monocultures du maïs propres à la région.
« Il faut garder des surfaces agricoles pour pouvoir produire nos fruits »
Côté énergie, « la transformation des lampadaires a permis de diviser par deux l’utilisation d’électricité. L’école communale et la mairie ont été mises aux normes BBC (bâtiment basse consommation). Le nouveau gymnase, coiffé de 600 m2 de panneaux solaires, produit bien plus d’énergie qu’il n’en consomme », résume le site Reporterre.
Côté logements, en 2015, la commune a décidé de taxer les habitations vacantes. « La décision est avant tout écologique, car le village ne cesse de s’agrandir. Au moins six fois plus de surface habitée qu’en 1900 lorsque Muttersholtz abritait pourtant 2.400 personnes, soit un sixième de plus qu’aujourd’hui », souligne un article de France 3. Concrètement, les propriétaires de ces maisons ou appartements inoccupés ou abandonnés ont été sanctionnés financièrement. « Il faut garder des surfaces agricoles pour pouvoir produire nos fruits, pour que les agriculteurs puissent continuer à cultiver des terres, pour que nous puissions jardiner et avoir à manger », expliquait ainsi Michel Renaudet, adjoint au maire, à France 3. Résultat : dix propriétaires se sont lancés dans des travaux, et 16 logements sont déjà ou seront bientôt disponibles pour l’achat ou la location.
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Mon Quotidien Autrement a décidé de vous parler régulièrement de maires à la fibre écolo, qui mettent en place de réelles initiatives vertes sur leur territoire. Les collectivités sont en effet responsables de 50 % des émissions de gaz à effet de serre et ont donc un rôle indéniable. Ainsi, les décisions concernant le patrimoine des collectivités (bâtiments, éclairage public, flotte de véhicules) et leurs compétences (logement, transports, gestion des déchets, etc.) ont un vrai impact écologique, tout comme les émissions indirectes (l’électricité utilisée produite localement ou non…). « On estime que 70 % des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) seront réalisées à une échelle locale », peut-on lire dans ce rapport de l’Association Bilan Carbone. C’est énorme et c’est pour cela que nous voulons mettre en lumière ces bonnes pratiques.
Photo principale : la Maison de la nature / Ville de Muttersholtz.