On les appelle des « crachats de lune », ou encore « gelée d’étoiles » ou « beurre de sorcières »… De jolies expressions pour qualifier ces masses gélatineuses verdâtres qui apparaissent soudainement après une période de pluie. Il s’agit en réalité non pas d’algues, de champignons ou de lichens, mais de cyanobactéries. Les Nostoc, car c’est leur nom, ne sont pratiquement pas visibles par temps sec. À peine perçoit-on des croûtes noirâtres. Elles se développent sur des sols pauvres, peu végétalisés, sur des graviers, des trottoirs, des rochers, des sols compactés…
« Chaque fragment renferme des milliers ou millions de cellules bactériennes qui entrent en vie ralentie sans être affectées. On dit que certaines Nostoc peuvent rester en état de déshydratation totale, à l’obscurité complète, pendant… un siècle ! », dit le naturaliste Gérard Guillot sur son blog Zoom nature.
D’où les Nostoc, présentes bien avant l’humain, tirent-elles cette fabuleuse capacité d’adaptation ?
Les Nostoc fixent l’azote de l’atmosphère
« Ces organismes unicellulaires, qui forment des colonies, fabriquent leur propre carbone grâce au CO2 atmosphérique et à la photosynthèse (comme tous les organismes photosynthétiques). Ils savent en outre fixer l’azote atmosphérique (comme les légumineuses) : ils n’ont donc pas besoin d’un milieu riche pour vivre », explique Gerbeaud, site dédié au jardinage.
Par ailleurs, leur côté gluant les protège des herbivores et du piétinement. En plus, elles ne souffrent pas du froid, du chaud, ou de l’effet des UV – ni même de la radioactivité. Et certaines espèces de Nostoc produisent même des toxines. En revanche, certaines sont consommables, bien que néfastes à haute dose : les Chinois sont ainsi friands de Nostoc flagelliforme, appelé Fat choy.
On vous conseille plutôt de les récolter et de les mettre au compost ! Elles font un excellent engrais.
« C’est une espèce très importante dans les milieux terrestres de l’Arctique parce qu’elle fixe l’azote de l’atmosphère », explique Warwick Vincent, professeur au Département de biologie et chercheur au Centre d’études nordiques. Celui-ci a étudié le génome de Nostoc ramassés il y a 150 ans ! Cette espèce, ajoute le chercheur « fertilise naturellement les sols, elle est abondante et sa biomasse est élevée. Elle joue donc un rôle clé dans le cycle du carbone, le cycle de l’énergie et les cycles biogéochimiques dans l’Arctique.»