Sale temps pour les loups. En février, la version définitive du plan loup 2024-2029 était adoptée par l’État. Et il n’y a pas de quoi se réjouir. En assouplissant les règles de tir, ce plan nuit, forcément, aux canidés. Le plafond est certes toujours le même : 209 tirs par an, soit 19 % du nombre total de loups. Mais les tireurs peuvent être deux ou trois (et non plus seul) et être équipés de jumelles de vision nocturne. Les autorisations de tirs seront, elles, plus rapides à obtenir, et les éleveurs mieux indemnisés.
Nous ne sommes pas réellement surpris par l’annonce. Six associations de défense de l’environnement avaient déjà claqué la porte de l’instance consultative lors d’une première présentation du plan, à l’automne. L’association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs, Ferus, par exemple. D’autant que si la population de loups a doublé depuis 2018, le nombre d’animaux affectés, lui, s’est stabilisé (12 500 bêtes ont été attaquées en 2022).
Les meutes déstructurées
L’éthologue Pierre Jouventi, interviewé par Reporterre, expliquait que les abattages à l’aveugle déstructurent les meutes : « Une fois les adultes expérimentés abattus, les survivants esseulés se retrouvent incapables de chasser le gibier sauvage. Les jeunes loups ne connaissent pas les techniques pour attraper un cerf ou un sanglier. Alors que font-ils ? Ils se rabattent sur des proies faciles. » A savoir : le bétail.
Jean-David Abel, de France Nature Environnement, est fortement critique du Plan du gouvernement. Ainsi, sur France Info, il déplorait une « banalisation du tir même en situation de faible dommage ». Il est d’ailleurs d’accord pour que des loups soient tués quand la pression est forte et que les moyens de défense ont été mis en place. Soit des clôtures électriques et des chiens de protection (les patous), très efficaces.
En bref, il déplore un signal politique donné en pleine crise agricole, pour faire plaisir à la FNSEA. « La biodiversité est vraiment la variable d’ajustement des relations avec le syndicat majoritaire», résume-t-il. Car le loup reste une espèce protégée ! Sur la Liste rouge des espèces menacées en France de l’IUCN (2017), le loup gris, Canis lupus, est ainsi classé « vulnérable ». Lui qui avait été exterminé au XIXe siècle a fait, naturellement, son retour en France dans les années 1990.